Ils ne connaissent pas les mêmes problèmes que les agriculteurs en colère, mais la truffe relève bien du secteur agricole. Ce week-end du 2 au 4 février, la Fête de la truffe se tiendra Place du Marché à Nîmes. L’occasion d’aborder la transformation du secteur : les agriculteurs se mettent de plus en plus à récolter ces champignons rares pour des revenus d’appoint en hiver, selon le président du Syndicat des producteurs de truffes du Gard.
«Nous ne sommes pas allés déverser une benne de truffes devant la préfecture, mais je pense que cela aurait du succès», plaisante Louis Teulle. Le président du Syndicat des producteurs de truffes du Gard en connaît un rayon sur le marché gardois du «diamant noir de la cuisine française». Selon lui, il y a aujourd’hui près de 500 trufficulteurs pour quelque 3 000 hectares de plantation d’arbres truffiers.
La problématique principale de cette culture est celle de l’irrigation. « Le produit est purement naturel, donc nous n’avons pas les mêmes problématiques que les autres. Par contre, comme beaucoup d’agriculteurs, nous avons des problèmes de gestion d’eau. Les services de la Préfecture nous ont interdit d’apporter de l’eau sur certains secteurs cet été», explique Louis Teulle.
Une récolte 30% inférieure à l'année dernière, selon Louis Teulle
Cette restriction a eu des conséquences sur la production. Les trufficulteurs n’ayant pas pu apporter de l’eau aux terres pendant les périodes de sécheresse, la récolte de l’année dans le Gard est environ 30% de moins que lors d’une bonne année. «En général, le Gard produit entre 4 et 5 tonnes de truffes, ce qui en fait le quatrième ou cinquième département le plus producteur. Cette année, nous serons entre 2 et 3 tonnes», prévient-il. Pour autant, les prix resteront similaires aux années précédentes.
«On est représenté par des viticulteurs sur les barrages», plaisante ce passionné. Il faut dire que le profil des trufficulteurs est en pleine évolution. Réservée presque exclusivement aux particuliers il y a quelques années encore, cette culture évolue selon Louis Teulle qui indique que de plus en plus d’agriculteurs en font une «culture d’appoint pour l’hiver». Selon lui, les agriculteurs représentent 30 à 40% des trufficulteurs du département alors qu’ils n’étaient que très peu auparavant.
Vigneron l'été, truffier l'hiver
Les normes environnementales seraient une des causes de ces changements. «Les agriculteurs doivent laisser reposer la terre. Donc ils plantent des arbres truffiers sur les terres concernés pour en faire des champs truffiers. Ça permet d’avoir une culture d’appoint pendant l’hiver», raconte-t-il. Les agriculteurs proposent ainsi des visites et des démonstrations de cavage aux touristes.
Alors quel avenir pour le marché de la truffe? Beau et radieux a priori. Une donnée reste indispensable au fonctionnement de cette équation : «Aujourd’hui, la menace vient des conditions climatiques et des problèmes d’irrigation essentiellement», dit ce propriétaire de 5 hectares entre Uzès et le Piémont cévenol. En attendant la fin du monde, il est temps de savourer brouillades, brandades truffées, et autres bons petits plats assaisonnés.