Michel Tournayre, 3e génération de récoltant, reprend l’exploitation familiale il y a plus de 40 ans (répartie sur trois cultures, céréales, asperges et truffes). C’est grâce à lui qu’en 1996, la trufficulture devient l’activité principale de l’exploitation… Sous son impulsion, les Truffières d’Uzès (la structure actuelle) finiront par s’étendre sur une vingtaine d’hectares. Pour lui comme pour les 500 producteurs, les premiers résultats de la saison des truffes sont en dessous des attentes.
« Je suis né dans les truffes, j’y ai vu mon père, mon grand-père les trouvait dans les milieux naturels, dans la garrigue uzétienne, moi, j’en ai fait un métier (…) car si tout était basé sur la récolte, j’aurais eu beaucoup de mal » raconte le petit-fils Tournayre, actuel patron des Truffières d’Uzès et ex-président du syndicat des trufficulteurs gardois et national (dont il est toujours le président d’honneur). Aujourd’hui ces plantations autour du Mas du Moulin de la Flesque en font l'une des plus grandes truffières de France.
Tandis que la saison de la récolte commence (elle ne prend fin qu’à la mi-février), côté volume, le premier bilan n’a rien de mirobolant, la qualité en revanche est au rendez-vous, "et s'améliore généralement jusqu'au terme de la saison de récolte). Même discours au sein du syndicat gardois - réuni en AG à la mairie d'Uzès le 1er décembre dernier - où l'on est même assez certain que la récolte 2023 ne restera pas dans les annales.
« Des niveaux de récolte en dessous de l’an passé »
© GOT
Du manque de pluie à l'influence de la chaleur sur les productions... La météo n'aura pas facilité l'apparition des truffes cette année. Sur les truffières d’Uzès, « Là où on n’a pas pu arroser, on n’a presque rien, et à peine quelques unes sur les parcelles arrosées, mais c'est aussi en dessous de l’an passé » note Michel Tournayre, qui produit en moyenne entre 50 et 100 kilos de truffes chaque année. Et si la truffe est souvent appelée l'or noir (produit rare qui bénéficie d'une côte élevée), actuellement, sur 1 kilo de truffes, le récoltant n'en écoulera que 300g au "prix fort". Le producteur uzégeois devrait pouvoir compter sur une amélioration de la qualité des truffes d'ici la fin de la récolte.
Récolte de la truffe et gestion de l’eau
"Le printemps est le climat rêvé pour la truffe" a pu constater ce trufficulteur aguerri, "mais on a encore beaucoup d’inconnus sur ce champignon" dit-il. Par ailleurs la trufficulture se heurte à une autre problématique de taille, la gestion de l’eau… « Il faut avoir accès à l’eau si l’on veut plus du potentiel, mais ce n’est pas toujours possible, c’est de l’investissement (...) il faut de l'arrosage à des moments bien précis", entre le 15 mai et le 30 septembre, autrement dit le moment où la gestion de l’eau - notamment sur les zones exposées à la sécheresse - est au coeur des débats.
« L’arrosage ne fait pas la récolte à lui seul mais il peut permettre de la sauver » précise M. Tournayre, qui opte quand cela lui est possible pour la micro-aspersion, plus économe en eau… « On arrose là où on peut, et là où il y en a besoin »
Le printemps est le climat rêvé, sans eau c’est compliqué", manque de pluie, influence de la chaleur sur les productions... "On a encore beaucoup d’inconnus sur ce champignon". Sa technique : La première étape consiste à planter des arbres "où le champignon est présent sur le système racinaire", que l'on retrouve auprès des pépiniéristes, précise M. Tournayre, en indiquant que l’entretien est très important les premières années si l'on veut voir apparaître 7-8 ans plus tard, les premières truffes...
« La truffe, c’est trop aléatoire pour ne vivre que de ça »
La cavage (Michel Tournayre, 3e génération d'exploitant° © Les Truffières d'Uzès
"Dans la truffe, il y a des cycles, une plantation ne produira pas toute sa vie, comme les humains, quand elle est âgée, elle produit moins". Pour cette raison, l'exploitation Les Truffières d'Uzès s'appuie sur un 'renouvellement des plantations et des terres".
Michel Tournayre en est bien conscient, "la truffe c’est trop aléatoire pour ne vivre que de ça", et continue de développer le tourisme de la truffe (visites des plantations, initiation au dressage, découverte du cavage, dégustation de produits à base de truffes, vente directe en boutique...)
Aujourd'hui, le soixantenaire « prépare les arrières », et bonne nouvelle, à 27 et 23 ans, ses deux filles (Margot et Lucie Tournayre ont déjà les mains bien enfouies dans la terre...!)
Quatrième génération Tournayre, Margot cave en famille sur le domaine trufficole depuis ses 10 ans, d'abord avec son premier chien truffier © Truffières d'Uzès
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