La rénovation urbaine de Pissevin va de l’avant. Ce jeudi 20 juillet, le bailleur social Un Toit pour Tous a officialisé la destruction de la tour Pollux et de ses 118 logements. Un grand parc de plus de 5000 m2 prendra la place de l’emplacement de ces bâtiments, dans un esprit de cohésion sociale.
Les premiers gravats tombent sous les coups de pince d’une immense pelle mécanique. Face à cette démolition mise en scène, certains ressentent un pincement au cœur. «Ma petite a commencé à marcher ici», dit Giselle Jourdan en pointant du doigt l’immeuble. Cette dernière a le cœur lourd ce matin. Elle vient assister à la destruction de l’immeuble dans lequel elle a vécu pendant 41 ans. «C’est presque une vie. Je suis étonnée qu’il n’y a pas plus de monde».
Opposée à cette destruction? «Non, je ne dirais pas ça. Ça ne me regarde pas». Giselle Jourdan fait partie des 108 familles locataires dans la tour Pollux relogées par Un Toit pour Tous. Son nouvel immeuble, à quelques centaines de mètres de là, est moins haut, plus sécuritaire. «C’est vrai qu’ici c'était plus dangereux à cause des trafics de drogue». C’était pourtant bien cette tour du Petit Pollux qu’elle préférait, car «plus proche des commodités comme la pharmacie ou une grande surface commerciale».
Les officiels enchaînent les discours. Olivier Bonné, Adjoint délégué au suivi de la Rénovation Urbaine de la Ville, Chloé Demeulenaere, sous-préfète départementale, et Franck Proust, président de Nîmes métropole, saluent tour à tour cette destruction attendue.
«Je suis heureux de voir le début de cette démolition, elle a été complexe à mettre en place. C’était important car il y avait de la promiscuité, cette destruction va permettre d’éclater cette misère, en continuant de rabaisser ces immeubles», commente Olivier Bonné.
«C’est une opération d’urbanisme, mais avant tout une aventure humaine. Mes pensées vont vers les familles qui ont été là dès sa construction, en 1973. La déconstruction, c’est un moment particulier, chargé de souvenir familiaux mais également de souvenirs en terme de voisinage» déclare le président de l’agglomération nîmoise.
Cette «opération humaine» coûte près de 8 millions d’euros. La grande majorité de cette somme est financée par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine. Nîmes métropole participe à hauteur de 296 000 euros pour « compenser la perte de loyers, la sécurisation avant travaux, et les outils permettant d'atténuer les nuisances sonores», précise Franck Proust.
La destruction de cette matinée concerne le «petit» immeuble Pollux. Il comptait 16 logements sur 8 étages. Le grand Pollux, dont la destruction suivra, contenait 102 logements sur 14 étages.
Le parc qui prendra la place de ces immeubles est conçu pour désenclaver ce quartier. « Un cadre de vie mieux pensé, tourné vers une meilleure organisation de l’espace et de la vie sociale», a commenté Franck Proust. Quelques semaines après des émeutes à Pissevin, le sénateur Laurent Burgoa a affiché sa volonté que les dossiers de réaménagement puissent avancer rapidement, notamment par les autorisations des services de l’État.
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