Une compagnie de CRS pour rétablir l’ordre. Suite à la fermeture de la médiathèque municipale Marc Bernard et l’agression d’un journaliste sur un point de vente de stupéfiants, Galerie Wagner, le ministre de l’Intérieur souhaite envoyer un message fort. Suivi par la presse ce mercredi 7 juin, le convoi de policiers devrait rester plusieurs jours sur place.
L’ambiance est bien calme ce mercredi matin place Wagner. Pas de guetteur, pas de deal, pas de violence. Seul le café de l’angle canalise les échanges de ce quartier, parmi les plus pauvres de France.
La méfiance est, elle, bien présente. Impossible d’être passé à côté des informations de ces derniers jours, allègrement relayées par les médias nationaux. Une compagnie de CRS devrait arriver d’une heure à l’autre. En attendant, « les stups sont venus ce matin », confie timidement le gestionnaire d’un commerce.
« Pas de deal, aujourd’hui et pour les prochains jours », lâche un passant, conscient que le climat ne permet pas aux trafiquants de prendre de tels risques. Un autre lui fait part de sa déception. « Oh non, ne me dis pas ça, je n’ai pas envie d’attendre ». « Pas d’inquiétude, une fois que la police sera répartie, ça reviendra comme d’habitude », lui répond le premier.
«C'est un déploiement de forces»
14 h 50. Neuf camions de CRS sont garés sur le parking de l’hôtel de police central de la ville. Le départ est imminent. Direction « la ZUP » pour ces quelque 80 policiers. Le cortège est suivi d’une vingtaine de journalistes. Sous le son des sirènes, la splendeur des arènes et du boulevard Jean Jaurès laisse place aux barres d’immeubles insalubres de ce ghetto nîmois.
Sur place, les CRS quadrillent rapidement la zone. Armés, ils se postent par équipe sous les différents porches sombres bordant les locaux de la médiathèque fermés. Les policiers procèdent à quelques contrôles d’identité. « Qu’est-ce qu'il se passe ? », questionne un jeune passant. « C’est un déploiement de force », lui répond un CRS.
Sans surprise, pas de point de vente de résine cet après-midi. Les jeunes hommes adultes quittent la zone au bruit des sirènes. « Il te faut quelque chose ? Il faudra repasser, chef ! Fais gaffe à toi, c’est plein de flics là-bas », prévient un habitant se dirigeant avec un ami vers le nord.
«Il faut que ça change»
La zone est sécurisée. Les journalistes pénètrent la galerie Wagner. Les civils sur place se font discrets. « Vous faites quoi ici ? » ricane un jeune adolescent, avant que son père lui demande de le suivre à l’écart des policiers.
Lunettes de Giorgo Armani, sacoche Louis Vuitton, polo Lacoste, un adolescent d’une dizaine d’années passe par là avec deux de ses amis. Plusieurs policiers procèdent à un contrôle. Dans le même temps, un œuf lancé du haut des tours s’écrase à quelques dizaines de centimètres d’un groupe de journalistes.
« Il faut que ça change. Ça fait 17 ans que j’habite ici et ça se dégrade, il y a plus de violences à cause des trafics », témoigne l’une des rares habitantes à répondre aux questions des journalistes. « Personne ne souhaite parler ici, mais il le faut », explique cette adhérente à la médiathèque fermée qui confie ne plus y louer de livres depuis plusieurs mois à cause de l’insécurité.
Et après?
« Pour vous situer, ce quartier de Pissevin et Valdegour, c’est 16 000 habitants, ce qui en fait la quatrième ville du département. Nous intervenons assez souvent pour des trafics de drogue. L’objectif, aujourd’hui, c’est d’occuper le terrain », explique Jean-Pierre Sola, directeur de la police dans le Gard.
« Les CRS seront présents quelques jours, nous ne savons pas encore exactement combien de temps ils resteront », répond-il aux journalistes. Et demain que va-t-il se passer ? « Notre présence est quotidienne même si nous ne sommes pas aussi nombreux qu’aujourd’hui ». Une chose est sûre, pour les habitants questionnés, nul doute que les trafics reprendront bientôt.
À lire sur le même thème :
À Pissevin, la Ville de Nîmes ferme une médiathèque en raison d'un point de deal
Nîmes : 10 kilos de cannabis dans un appartement de Pissevin