Des montagnes de sel blanc et des étangs roses fluo. Le paysage incroyable des Salins de Camargue s’offre aux touristes à travers une balade en petit train. Une heure de trajet mêlant admiration de la nature et apprentissage de l’histoire locale.
Il est 14 heures, l’heure du départ de la navette. « Si vous m’entendez, faites du bruit ! » lance dans le haut-parleur, Joël, le chauffeur du petit train, comptant une cinquantaine de personnes à son bord. Des navettes comme celle-ci, il y en a 17 par jour durant l'été. «Toutes sont pleines, soit 56 personnes à bord», affirme l'hôte de la billeterie face à une file d'attente d'une quinzaine de mètres.
Le train démarre, une voix préenregistrée prend le relais de Joël. « Situé entre le département du Gard et des Bouches-du-Rhône, les Salins comptent une grande diversité biologique. L’activité de culture du sel à permis de préserver l’espace avec sa faune exceptionnelle », annonce cette voix, précisant que 7 000 hectares de ces terrains sont consacrés au sel.
La vie en rose
Le décor semble tout droit sorti du dernier film Barbie. Les passagers admirent ces étendues d’eau de couleur rose. L’explication scientifique ne tarde pas : ces eaux sont truffées d’une algue appelée dunaliella salina. Riche en bêta-carotène, elles donnent cette couleur rose à l’eau, bien aidée par leur prédateur : artémias salina. Ces dernières sont de petites crevettes se nourrissant de l’algue.
« On est ce que l’on mange », paraît-il. Une expression qui se vérifie dans ce cas : ces petites crevettes étant le plat préféré d’oiseaux, bien connus de la région, déteignent sur ces derniers. Ce mardi, les flamants roses ne sont pas au rendez-vous. Ils sont pourtant de fervents adeptes du lieu : les salins abritent parfois jusqu’à 10 000 de ces oiseaux.
200 000 tonnes par an
Le premier arrêt du train se fait aux abords d’une camelle. Ces tas de sel récoltés, pouvant s’apparenter à une montagne, peuvent mesurer 600 mètres de long pour une hauteur de 20 mètres. Après avoir marché jusqu’au sommet, les touristes admirent une vue imprenable sur un paysage extraordinaire.
« Chaque année ici, on produit près de 200 000 tonnes de sel. Les salins ont la capacité de stocker quelque 230 000 tonnes », reprend Joël au micro. Ce sel est extirpé de l’eau de la mer de par un processus de plusieurs mois.
L’eau de la mer est retenue dans des bassins de mars à septembre. L’évaporation naturelle de l’eau douce donnera une concentration salée, dite « saumure ». Cette dernière sera orientée par les sauniers vers des cristallisoirs. La récolte des « gâteaux de sel » sera faite au mois de septembre.
Confidences de l'or blanc
Avant dernier arrêt : le musée des Salins. Dans cette maison, les visiteurs peuvent apprendre de nombreuses anecdotes sur « l’or blanc » que représentait le sel. Seul moyen de conserver les aliments depuis l’Antiquité, il s’agissait d’une ressource rare et chère. Ce sont les Romains qui ont apporté la technique d’extraction du sel par évaporation. L’empereur paie parfois ces légionnaires avec du sel. « Salarium » est devenu le mot « salaire » au fil des siècles.
La boutique conclut ce tour. Du sel, beaucoup de sels à la vente même et quelques produits dérivés de cette exploitation. Parmi eux, des produits de beauté pour la peau, créés à base de notre fameuse algue au pouvoir de coloration rose. Attention, la note peut vite devenir salée.
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