Aux Salins du Midi, l’été est la période de récolte de la fleur de sel. Par la même occasion en cette période touristique, l’entreprise propose des visites accompagnées d’un guide autour de ce produit particulier faisant le prestige de l’industrie depuis des générations.
«À l’époque, quand tu sortais de l’école, tu venais travailler ici», raconte Luc Vernes. Au volant de son 4x4, il traverse les salins, le regard emprunt de nostalgie. Ces terres recouvertes d’eau couleur rose, il les connaît comme sa poche. Aujourd’hui à la retraite, il a travaillé ici pendant plus de 40 ans comme saunier.
Luc sort de sa retraite, en tant qu’indépendant, pour jouer les guides touristiques. Après quelques kilomètres parcourus sur une infime partie des 7000 hectares des lieux, il se gare proche d’un bassin. Le cortège de voitures derrière fait de même. Ces neuf touristes sont là pour en apprendre sur l’histoire de la Fleur de sel en Camargue.
40 candidats, 14 «pistonnés»
Luc est l’homme de la situation. Difficile de trouver meilleur connaisseur quand on sait qu’il est l'un des deux sauniers à avoir lancé l’initiative sur le domaine. Mais quand même. Cette initiative, il la doit aussi « aux vieux», comme il les appelle encore, «même si aujourd’hui j’ai le même âge qu’eux à l’époque», plaisante-t-il.
Comme lui à l’époque, les jeunes prennent la relève. Ce sont eux, ce mardi matin, pelle à la main, qui extirpent les précieux cristaux blancs des bassins. «14 jeunes, sélectionnés parmi une quarantaine de CV, dont aucune fille», lance Luc au groupe de visiteurs. D’ailleurs, ici, ce n’est un secret pour personne, «ça marche par piston».
Assaisonnement intergénérationnel
Le vieux, c’est peut-être lui aujourd’hui. «Non, mais quand je te dis ‘’vieux’’, c’est qu’ils étaient aussi vieux dans leur tête, par leur mentalité». Il s’explique. «C’était un peu compliqué de partager avec eux, les sauniers de l’époque étaient sortis de l’école très tôt, vers 13-14 ans, ils étaient assez solitaires ». Et pourtant, il se souvient que le midi, ils venaient prendre quelques poignées de fleur de sel à l’endroit même où l’on se trouve.
« Ils assaisonnaient leur plat du midi avec. Mais ne partageaient pas. Nous, les jeunes de l’époque, on faisait goûter ça à nos amis, à nos familles, on leur en ramenait fréquemment. Jusqu’au jour où avec les services marketing et recherche et développement, on décide de le commercialiser. 20 tonnes la première année, puis 50, puis 100», raconte Luc, à l’époque au centre de ce projet.
Plus de 1000 tonnes par an
Aujourd’hui, ce sont plus de 1 000 tonnes récoltées chaque année. Les jeunes gaillards le font fièrement depuis 6h30. Ils termineront la journée autour de 16 heures. Pourquoi venir travailler ici ? «Le cadre est magnifique. On n’est pas trop mal payé et on a droit à de bonnes pauses », répondent Vincent et Killian, deux étudiants saisonniers. Pour les inconvéniants : le réveil à l’aube et la chaleur.
À Aigues-Mortes, le sel, c’est une histoire de tradition. Vincent raconte que son arrière grand-père faisait déjà les saisons il y a plusieurs décennies de cela. Son oncle travaille aujourd’hui encore aux salins. Pour ce jeune étudiant en biologie, «travailler ici, c’est comme perpétuer des traditions».
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