Salle à manger d’hiver avec sol chauffant, bassin, mosaïques et peintures… Les habitants de cette maison familiale ne manquaient pas de moyens. L’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a déterré ce bout d’histoire antique à proximité du Jardin de la Fontaine, au croisement entre le boulevard Jean Jaurès et la rue du Cadereau.
Une maison très bien conservée, luxueuse. « Des salles avec des décors au sol, une galerie qui dessert les pièces et fait l’articulation avec la cour. Au centre de la cour, un bassin », détaille Ghislain Vincent, responsable de recherches archéologiques à l'INRAP. Au sud de la maison, il y a même une salle chauffée par un système d’hypocauste.
Les chercheurs ne connaissent pas à ce jour la superficie exacte du bâtiment ni les professions de ces habitants. « Des notables ou alors des artisans qui auraient bien réussi », suppose Ghislain Vincent.
Un incendie dévastateur au IIe siècle
« Nous sommes au cœur de la ville romaine de l’époque, à proximité de la via Domitia. Ce quartier d’habitation date approximativement de l’an 0 à 200 apr. J.-C. », explique Jean-Yves Breuil, directeur adjoint scientifique et technique à L’INRAP. Les archéologues ne sont pas encore certains si cette maison n’était qu’un seul ensemble, mais ils ont pu dresser un plan du bâtiment de l’époque.
Les flammes ont fini par détruire les lieux. Les chercheurs ont détecté les traces d’un incendie dévastateur. « En creusant, on a découvert les effondrements, peut-être même de deux étages. Au-delà de cet incendie, nous n’avons plus de traces de vie ». Le site est ensuite remis en culture plus tard dans l’Antiquité et sera urbanisé de nouveau à partir du 18e siècle. Le chercheur précise qu’après le IIe siècle, les habitations romaines se sont resserrées autour des arènes.
Une forgerie et des gaulois?
Ce chantier archéologique mené par L’INRAP se déroule dans un contexte de reconstruction d’un bâtiment. « Comme il y aura un parking souterrain, nous fouillons le sous-sol », explique Ghislain Vincent. L’ancien bâtiment détruit en 2020 abritait notamment une agence de la banque Caisse d’Épargne.
Les recherches ont commencé début novembre et se termineront fin mars. En moyenne, environ 7 chercheurs de l’INRAP sont sur site tous les jours. « La prochaine étape de la fouille, sur le temps qu’il nous reste, va être de démonter les structures les plus récentes pour aller chercher des vestiges de l’époque dite républicaine (NDLR Jusqu’au IIe siècle 200 ans av. J.-C.) ».
De cette époque, les archéologues ont déjà déterré sur place des structures laissant penser à de l’artisanat, telle que de la forgerie. Des vestiges, plus vieux, se rapportant au temps des Gaulois sont également dans le viseur des chercheurs. Décidément, Nîmes renferme bien des secrets sous nos pieds !
Note : L'INRAP organise une journée portes-ouvertes au public ce samedi 4 février. Informations sous ce lien.
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