Ces boîtes extraordinaires ont un pouvoir, elles lui permettent de remonter dans le temps. Passionné d’Histoire depuis sa tendre enfance, Serge Sanchez parcourt depuis 15 ans les vide-greniers du département à la recherche de petits trésors. Et ce, malgré une maladie orpheline le privant de sa pleine mobilité.
Il en compte plus de 3 000. Plein d’enthousiasme, il en tire quelques unes de son étagère pleine à craquer. Comme un enfant qui déballe des jouets, Serge Sanchez enlève le plastique les protégeant. Il vous en présente quelques unes.
« Celles-ci viennent de Russie, l’une de 1884, l’autre de 1882 », dit-il, tout en montrant les gravures représentatives des villes de Moscou et de Stalingrad trônant sur leur couvercle. Il en saisit une autre. Ėrangement, elle prend la forme d’un poisson. « Celle-ci date de l’époque victorienne. Les Basques cachaient des drogues à l’intérieur et les accrochaient autour de leur coup pour passer les frontières à dos de mule ».
À chaque boîte son récit. Sa collection s’apparente à une véritable bibliothèque. Il montre désormais une boite en ivoire. « Peinte avec un seul poil de sanglier, elle est signée Fragonard. La femme peinte dessus suit son regard, peu importe où tu la places face à toi ». Pour identifier et dater ces objets, ce Gardois s’appuie sur les poinçons de chacune dont les origines sont référencées dans un livre propre aux experts, Le Tardy.
Une boite confectionnée par les bagnards de Guyane, mais aussi une allemande faite d’os d’animaux pendant la guerre de 1871, d’autres asiatiques : chinoises, japonaises ou de style hindou. Il y en a pour tous les goûts. Une collection que cet habitant de Bouillargues prend grand soin, estimant le tout à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Expertiseur bienveillant
Il lui a fallu beaucoup de temps et d’expertises pour collectionner tous ces objets. L’homme se dit connu comme le loup blanc par les habitués de la Chine. Beaucaire, Sommières, Barjac, il se rend deux fois par semaine depuis 15 ans sur les vide-greniers du département pour dénicher ces joyaux. Et ce, malgré son lourd handicap : une maladie rare, tropicale, le privant en partie de sa mobilité.
« Au début, j’avais pensé à collectionner des vases. Mais en tant qu’handicapé, je me suis orienté plutôt vers les boites ». Une passion concrète qui demande beaucoup d’engagement : « Il faut s’y connaître dans l’art pour détecter les objets, puis ensuite négocier des prix corrects, un vrai business », raconte-t-il.
Dans les vide-greniers, Serge Sanchez propose aux personnes sur place d’expertiser gratuitement leurs objets. « Je ne prends rien, j’explique les choses, je ne mens pas sur la nature de leur objet et les gens décident de vendre ou pas ».
Jeune prodige numismate
Ses connaissances pour l’histoire ont débuté très jeune. À l’âge de 10 ans seulement, ce natif de Tarascon s’intéresse aux monnaies anciennes. Il raconte que son oncle qui travaillait dans une fonderie trouva un jour un tonneau rempli de monnaies romaines. « Quand j’allais le voir, il m’offrait des sachets de bonbons, plein de monnaies anciennes ».
À l’époque, il creuse déjà le sol à la recherche de monnaies anciennes. Il trouve un denier tournoi qu’il s’empresse de réaliser, un frottage (papier contre la pièce et grattage au crayon) et l’envoi à l’expert numismate Gérard Barret. Ce dernier, qui tenait une revue sur les monnaies anciennes à l’époque, lui répond. Ils entretiennent alors une relation de passionnés.
Dès l’adolescence, Serge Sanchez connaît un nombre incalculable de monnaies anciennes. Il continue à se passionner pour l’Histoire, devenant expert numismate, mais aussi guide au château de Tarascon. Près de 40 ans plus tard, sa passion reste intacte. Il invite d’ailleurs tous les détenteurs d’objets anciens souhaitant les faire expertiser à le contacter.
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