Une courge, quelques coups de couteau, une bougie à l’intérieur. À l’occasion de la fête d’Halloween, la citrouille décorative est en vogue. Des maraîchers gardois préfèrent orienter leur clientèle vers d’autres variétés que celle originaire d’Amérique, à la chair très peu gustative...
Halloween est une occasion à saisir pour les maraîchers. Chaque année, Alix Bourdin, co-gérante du jardin d’Alix à Vers-Pont-du-Gard, invite les enfants de ses fidèles clients à une après-midi à la ferme.
« On part avec la brouette, les enfants choisissent leurs propres courges dans les champs », raconte-t-elle. Une fois la récolte faite, place à l’atelier cuisine pour un buffet sur le thème d’Halloween avec les parents. Tarte potirons-amandes, petits crumbles aux potirons noisettes et miel, mais aussi cocktails (non alcoolisés) de couleurs orange.
Jack l'arnaqueur
« Je fais ça plus pour fidéliser mes clients que pour vendre des courges d’Halloween », explique-t-elle. D’ailleurs, Alix ne produit pas de citrouilles d'Halloween «classiques» cette année. Selon elle, orienter sa clientèle vers ce produit n’est pas une bonne idée.
Ce monstre orange a un nom : Jack O’Lantern (ou Magic Lantern, selon différentes sources). Cette variété originaire des États-Unis est la courge traditionnelle d’Halloween, communément appelée « Citrouille » en France. Le problème, c’est qu’elle n’a pas bon goût, selon Alix.
« Autant opter pour la courge musquée de Provence. Elle est un peu plus difficile à découper, mais elle a bien meilleur goût et c’est dommage de gaspiller», conseille la maraîchère. C’est local, c’est beau et c’est bon. Il suffit d’un bon couteau, d’une bonne cuillère et le tour est joué .
Le vrai monstre? Les produits exportés
« Absolument aucun goût, aucun intérêt gustatif ». Loïc Jeanjean, maraîcher en agriculture biologique installé à Générac, partage ce constat. Il oriente même sur une autre alternative : le potimarron. « Plus petit, plus rond, ça peut faire des petites têtes sympathiques », selon lui.
« Halloween ne rapporte rien », affirme-t-il. Selon lui, la fête originaire des États-Unis n’est pas une source de rentabilité pour les agriculteurs locaux. Pire encore, elle les défavorise. Face à eux toujours ce même ennemi : Jack O’Lantern.
« Ces citrouilles d’Halloween sur le marché arrivent d’Espagne. Elles sont achetées à un prix défiant toute concurrence et vendues à prix d’or aux familles françaises pour faire plaisir aux enfants ».
Son jardin compte 14 variétés de courges, pour environ 80 genres et variétés différentes de légumes. Les récoltes s'y déroulent tout au long de l’année. C'est une caractéristique devenue rare, selon Loïc Jeanjean et Alix Bourdin. « Le maraîchage 4 saisons se perd dans le département », constatent-ils. Une solution pour le sauver ? Se faire peur avec des produits locaux.
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