L’eau, c’est la vie. Et pourtant, en France, elle est gaspillée quotidiennement de façon colossale. Incitée par l’État à agir, Nîmes Métropole s’intéresse au sujet entamant une politique visant à mieux recycler l’eau sur son territoire. Et ce, alors même que les agriculteurs déplorent des pertes considérables après un été sec comme rarement.
« Saviez-vous que pour nettoyer les rues des villes, ou bien encore qu’en tirant la chasse de nos toilettes, nous utilisons de l’eau potable ? », s’indigne Julien Baroni, co-gérant du bureau d’études DV2E. Cet été, son entreprise a remporté l’appel d’offres lancé par Eau de Nîmes Métropole pour réaliser une étude sur la gestion de l’eau au sein de l’agglomération.
Tout juste entamée, cette étude s’intéresse particulièrement à l’eau non conventionnelle. C’est-à-dire : les eaux pluviales, la réutilisation d’eaux usées traitées et les eaux provenant du dessalement d’eaux de mer. Ce sont les deux premières qui intéressent spécifiquement Nîmes métropole.
« Nous allons étudier les opportunités avec les différents partenaires, que ce soit les collectivités locales, les organisations gestionnaires de l’eau, les industriels ». Ont-ils vraiment besoin d’utiliser tout le temps de l’eau potable ? Comment favoriser le recyclage de l’eau ? L’étude en place servira à répondre à ces questions. Elle devrait s’en suivre d’une politique d’investissement de Nîmes Métropole.
La France est en retard sur l’Espagne
Cette initiative est influencée par le national, à travers notamment les subventions accordées par Aides Territoires. Dans le cadre des Assises de l’eau de 2020, le gouvernement français a fixé comme objectif de tripler les volumes d’eau non conventionnelle. Ce décret est issu de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.
Il faut dire que la France accuse un retard conséquent sur la scène internationale dans la politique de recyclage de l’eau. Il n’existe quasiment pas. «Moins de 1 % des eaux usées sont actuellement traitées à des fins de réutilisation», déclarait Pierre Ribaute, directeur général de Veolia Eau France à France-Info en août. L’Italie est à 8%. L’Espagne fait figure d’exemple : 15 % des eaux usées et 20 % des eaux de pluie seraient récupérés.
Selon Julie Mendret, maître de conférences à l’Université de Montpellier, « l’Australie, la Californie, Chypre, l’Espagne, la Floride, Israël, la Jordanie, Malte ou Singapour ont pour objectif de satisfaire de 10 à 60 % de leurs besoins en eau par la réutilisation des eaux usées épurées ».
Un enjeu essentiel pour l’agriculture locale
Ce jeudi 6 octobre, le « Rendez-vous Éco » de Nîmes métropole flottait autour du thème du recyclage de l’eau. Intitulé « Eau Rizon 2030 : élaboration de la stratégie du recyclage de l’eau sur le territoire », il prévoyait des conférences toute la matinée pour présenter les données de l’Agglo à ce sujet. Des étudiants du lycée de Rodilhan (BTSA Gestion Et Maîtrise de l'EAU) et d’autres acteurs de la gestion de l’eau du territoire étaient présents.
À la sortie d’un nouvel été caniculaire qui a enregistré de tristes records, les discours alarmistes se sont multipliés lors de la conférence. L’irrigation agricole était notamment au centre des préoccupations. « Comment les agriculteurs vont-ils faire ? La mission en agriculture est de préserver nos ressources en eau. On doit s’inscrire dans la durabilité », déclare Olivier Fabregoul, vice-président de Nîmes Métropole délégué au développement économique.
« Ce seront tous les acteurs de l’économie locale qui seront touchés par le manque d’eau, pas seulement les agriculteurs », reprend-il. Dans ce contexte, le Plan-climat-air-énergie de Nîmes métropole a pour objectif de répondre à l’ensemble des problématiques territoriales liées au climat. Concernant l’eau, le slogan est trouvé : «L’eau est trop précieuse pour n’être utilisée qu’une fois ».