Depuis 2017, le débroussaillage est au cœur de la stratégie de lutte contre les incendies. Le labeur revient aux propriétaires des maisons bordant une forêt. Pleinement concernée, la commune de Nages-et-Solorgues mobilise ses habitants pour le respect de ses obligations d’État. Ces derniers s’y conforment, malgré les difficultés financières que cela peut représenter.
«On a un village qui est à 75% entouré de forêt, il a fallu faire le tour de toute la commune, soit 171 parcelles», dit Éric Pesenti, adjoint municipal délégué à l’environnement et la sécurité de la commune de Nages-et-Solorgues. Il y a 3 ans, il est mandaté par le maire de la commune pour prendre en charge cet épineux dossier du débroussaillage sur la commune. Deux ans plus tard, les efforts paient.
La règle paraît simple : chaque propriétaire d’une maison bordant un espace naturel doit débroussailler sur 50 mètres. La broussaille arbustive est concernée, comme les branches des arbres qui doivent être coupées sur 2 mètres de hauteur. Ces interventions, parfois réalisées deux fois par an, peuvent parfois être problématiques. «C’est une obligation règlementaire, donc il n’y a pas d’aide» réaffirme Jérôme Barberis, technicien forestier à l’unité forêt de la DDTM du Gard.
Jean-Jacques effectue ce travail depuis 20 ans pour protéger sa maison. Mais, «Aujourd’hui, je suis à la retraite donc ça me laisse du temps pour le faire. Mais, je commence à prendre de l'âge donc pour monter cette pente c’est plus difficile. La débroussailleuse et la tronçonneuse commencent à devenir lourdes aussi», dit-il, rappelant que le matériel acquis pour cette tâche a un coût.
Quand on veut, on ne peut pas toujours. C’est le cas de sa voisine, veuve et d’un certain âge, ne pouvant pas assurer ses travaux par elle-même. Son unique recours ? Mandater une entreprise d’effectuer ses travaux. Dans ce cas, le coût peut avoisiner les 2000 euros. «Ça peut impacter lourdement les budgets, surtout pour ceux qui physiquement n’ont pas les moyens, commente l’adjoint municipal. Heureusement, ici, on a pu voir une solidarité avec les anciens».
Le problème peut parfois venir du propriétaire du terrain. Car oui, la plupart du temps, les personnes que la loi contraint ne sont pas propriétaires du terrain qu’ils doivent débroussailler. «Ils doivent demander au propriétaire l’autorisation de pouvoir entrer sur le terrain par une lettre avec accusé de réception, s’il ne répond pas au bout d’un mois, la charge est inversée : c’est au propriétaire du terrain de réaliser ce débroussaillage».
L’Office national des forêts contrôle le respect de la loi. Des amendes forfaitaires de 200 euros peuvent être infligées par l’institution. Les communes, quant à elles, peuvent demander aux propriétaires le paiement des frais de l’entreprise finalement mandatée pour effectuer ces travaux.
«C’est vraiment une responsabilité locale», Carole Troy, responsable de l’unité forêt à la DDTM. Selon elle, la compréhension des concernés s’améliore d’année en année. «Ceux qui ont eu un feu à proximité comprennent beaucoup plus que ceux qui ne l’ont pas vécu (...). C’est vrai que la question se pose souvent : pourquoi débroussailler chez le voisin? L’esprit de la loi est que le feu peut partir de la maison. Aujourd’hui le phénomène s’inverse. Des gens nous disent qu’ils ont débroussaillé et que le voisin ne l'a pas fait. Ça va plutôt dans le bon sens».
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