Cette réforme des retraites fâche toujours autant, si ce n’est plus. Ce jeudi 23 mars à Nîmes, l’intersyndicale qui appelait à manifester a encore une fois réalisé une démonstration de force. 7 000 personnes étaient dans la rue selon la police, 30 000 selon la CGT (qui précise qu’un affinage sera réalisé). Tous opposés à la réforme des retraites, mais aux témoignages différents.
La mort était présente dans le cortège. Du moins, son image. Les syndiqués CGT des cheminots transportent un cercueil. Collées dessus, trois affiches sur lesquelles on peut notamment lire « future caisse des retraites », ou encore « départ à la retraite de Jean-Michel, 64 ans, bonne retraite ! ». La retraite à 60 ans semble morte, mais le peuple ne l’est pas. Défilant des Jardins de la Fontaine à la préfecture en passant sur le boulevard Gambetta, la foule est impressionnante.
Un peu plus loin dans le cortège, un manifestant a enfilé son costume de la mort. Pourquoi ce déguisement ? « Pour la réforme des retraites, le pouvoir d’achat. Macron n’écoute pas son peuple et ça ne va pas. Le message c’est qu’il y en a assez de ses moqueries et qu’il faut qu’il arrête, qu’il recule. Je ne souhaite pas qu’il meure, mais qu’il s’en aille oui ».
Macron avait raison ! Lors de son passage sur TF1 ce mercredi 22 mars, le chef de l’État a annoncé que ces manifestations portent des revendications dépassant la simple réforme des retraites. En tête de cortège, deux jeunes manifestantes se disent présentes spécialement contre le recours de l’État à la loi 49.3. « Je suis là surtout contre le 49.3, car on ne se sent pas écouté », dit Solveig, 19 ans.
Les syndiqués d’EDF, en milieu de cortège, portent également d’autres revendications. À plusieurs, ils étendent un message pour le retour d’EDF-GDF à 100 % dans le secteur public. « Depuis la privatisation, le prix de l’énergie ne fait qu’augmenter. Aujourd’hui, le kilowattheure sort de centrale nucléaire entre 45 et 50 euros. Il est revendu une centaine d’euros aux usagers. Ce n’est pas normal », dit Laurent, syndiqué dans l’organisation la plus représentée cette après-midi : la CGT.
La réforme des retraites était quand même bien au centre des préoccupations des milliers de manifestants présents. À l’image de Nathalie, 56 ans, qui est là « parce que cette réforme est injuste, car ce gouvernement ment ». Elle témoigne, en tant que femme, avoir dû cesser de travailler à plusieurs périodes de sa vie, parfois à cause « d’accidents de la vie ».
« Je fais quoi ? Je vais travailler jusqu’à 80 ans ? Pour 450 euros de retraite ? Ce n’est pas une vie, pas une solution. Et des solutions, il y en a. Si on prend ne serait-ce que 2 % à des entreprises ou personnes pour la solidarité nationale, cela ne se verra même pas. Eux-mêmes ne le verraient même pas ».
« Le pognon pour les pensions, pas pour les canons ». Pour Lucien, l’État (et l’Union européenne) devraient arrêter d’envoyer « des milliards d’euros pour l’armement en Ukraine alors qu’on ne trouve pas 13 milliards pour les retraites. Je suis contre la guerre et contre le fait d’envoyer des canons dans les pays », dit-il, arguant que cette guerre est plus complexe qu’un simple envahissement des forces russes il y a environ un an.
À lire sur le même thème :
Retraites 2023 : jusqu'à 1,28 million de manifestants dans les rues