Après avoir intégré l’incubateur de projets Pépite, association qui encourage l’entreprenariat chez les étudiants, à 25 ans, Zoé Merle se donne encore 2 années pour parvenir à concevoir une solution innovante, capable d’apaiser les douleurs de règles… Ce mercredi matin, l’heure était au « focus group », le moment de recueillir l’avis d’utilisateurs, étape cruciale de l’élaboration du prototype.
« Mes petites affaires », « mes ragnagnaga », « mes loulous », on ne compte plus ces jolis surnoms employés par la gente féminine, quand il s’agit d'indiquer que l’on est en période de menstruations. Après tout, des petits noms c'est plus "mignon"...surtout lorsqu'on exprime quelque chose qui ne l’est pas vraiment. Alors, comme 'la règle le veut', on camoufle. Quant à l'évaluation de la douleur : "Horrible", "variable", "insupportable", "par pics" ou "constante" : chez ces femmes, l’expérience de la douleur diffère et parfois se ressemble.
C'est pourquoi, la jeune Zoé Merle s'interroge...
« Le problème des douleurs de règles est-il traité ? »
C’est l’objectif du Focus groupe ce mercredi à l’université de Nîmes, "en tant que femme, que faites-vous contre la douleur ? Quelles sont les pratiques employées pour les apaiser ?"
Les méthodes sont plurielles, et parfois similaires : Certaines prennent leur mal en patience, d’autres ont recours aux anti-douleurs, d’autres encore cherchent des positions afin de détendre le bas du ventre, et enfin toutes ont déjà eu recours à la fameuse bouillotte.
© iStock
Souvent, ces pratiques sont difficilement réalisables à l’extérieur (pas si simple d’amener et de réchauffer sa bouillotte selon l’endroit où l'on se trouve). Par ailleurs, si l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous, les effets secondaires de certains traitements ne sont pas à prendre à la légère non plus (risque d'infertilité, effets secondaires vérifiés de l'Antadys). Il y a relativement peu d’alternatives en matière de gestion de la douleur de règles.
Et c’est là que Zoé intervient... Fraîchement diplômée d’un master management et d'un deuxième en communication (obtenus au sein de la Box Academie à Lattes), Zoé Merle entend trouver la solution pour en finir avec les douleurs de règles.
A quoi doit répondre le nouveau prototype, pour être utilisé ?
La gestion des 'douleurs de règles' évoquée en groupe à l'Université de Nîmes © GOT
Après un tour de table, voici les critères les plus attendus par les utilisatrices (sur un prototype d’apaisement de la douleur) :
« Transportable » et peu encombrant (léger, facile à transporter); « modulable » (capable d’être déplacé sur les zones douloureuses, ventre ou bas du dos selon les femmes), « maintenu » (possibilité d’être fixé, plus obligé de le tenir dans les mains), « chaud » (pour l'apaisement de la douleur une fois placé sur le ventre), et bien entendu « accessible » côté prix. Selon les témoignages, ces critères sont placés dans un ordre différent, mais globalement, ces femmes recherchent un élément commun qui passe avant tous les autres : l’efficacité.
Solidaires dans la douleur, les témoignages révèlent aussi une volonté de recourir à une pratique qui puisse "se partager", ou au moins "se recommander"
Menstruations : des douleurs au pluriel
Après les interventions des utilisatrices, le premier constat est celui-là : les douleurs de règles doivent être considérées au pluriel. Sachant cela, notre porteuse de projet doit imaginer un outil capable d'agir sur « les » douleurs. A ce jour, Zoé Merle a d'ores et déjà élaboré un premier prototype, dont on ne peut trop en dire. Ce n'est pas une bouillotte, mais son concept n'en est pas loin (pas encore breveté, c'est d'ailleurs tout l'intérêt de la rencontre, lui permettre de recueillir l'expérience utilisateur, et adapter le prototype aux exigences des futurs acheteurs).
"Même en temps qu'homme et compagnon, on y est confronté" (Christophe, expert designer) © GOT
Depuis la rentrée 2022, Zoé suit un programme quotidien intensif, au sein de l’incubateur de projets rattachés à l’IMT Mines Albi (dont l’avantage n°1 est la spécialisation dans le domaine textile).
La conception du futur prototype est en cours... « Je me donne deux ans pour y arriver » confie Zoé Merle, la porteuse de projets. Aidée par les précieux conseils de Lydia Bouziane, experte en développement de projets et coach en psychologie positive (et accompagnée par l’école des Mines d’Albi), notre jeune « pépite » est entre de bonnes mains.
Morale de l'histoire : "le marché ne s'adaptera pas au produit, c'est au produit de répondre aux besoins du marché".
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