Cet équipement, se basant sur le principe de réalité virtuelle, serait révolutionnaire. Le Laboratoire d’Analyse de la Marche en temps réel (abrégé GRAIL en anglais) est un bijou technologique pour les patients en situation de handicap comme pour le personnel médical. Son inauguration avait lieu ce vendredi 16 juin à l'hôpital universitaire de réadaptation, de rééducation et d'addictologie du CHU de Nîmes au Grau-du-Roi.
« Ce matériel, ça va révolutionner la rééducation », dit Mehdi Delmache. Ce patient est, aujourd’hui, le démonstrateur du nouvel équipement acquis par le service de Médecine physique et de Réadaptation (MPR) locomotrice de l’hôpital du Grau-du-Roi. Amputé des deux jambes (sous les genoux) suite à un accident de voiture en décembre dernier, il marche aujourd’hui quasi normalement à l’aide de prothèses.
Une prouesse possible grâce à son mental de sportif et sa détermination. Selon lui, les chutes freinent beaucoup de rééducations. « La chute d’un amputé, ça amène beaucoup de peur, beaucoup d’incompréhension sur nos genoux et nos prothèses. Mais cette machine apporte la sécurité. »
La réalité virtuelle pour soigner
De quoi s’agit-il ? C’est une sorte de tapis de course, bourré de capteurs. Certains sont installés directement sur le patient. Ce dernier, pouvant être assuré par un harnais, fait face à un écran à 180 degrés. Un médecin, derrière un ordinateur, supervise l’exercice. Il peut choisir le décor, les pentes et les obstacles de cette randonnée virtuelle sécurisée.
« Ça nous permet de mettre le patient en réalité virtuelle émergée, on va le projeter sur la vie en dehors de l’hôpital. Ça permet donc d’anticiper tout ce qu’il va y avoir dans la vraie vie, des montées, des descentes, des trottoirs, etc. », dit le docteur Éric Pantera, porteur de ce projet.
L’équipement n’est pas seulement une bénédiction pour les patients. Les médecins aussi y trouvent leur compte. « Le GRAIL, c’est un outil du futur, car ça nous permet de réaliser des analyses quantifiées du mouvement ». Des données brutes sur la biomécanique de la marche et du mouvement, que ce soit pour les articulations ou les muscles, ouvrant la voie du service à de la recherche.
Unique dans le sud de la France
C’est le 5e appareil de ce type installé en France, le 15e en Europe. « Le premier sur l’arc méditerranéen français », précise Nicolas Best, directeur général du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Nîmes auquel l’établissement graulen est rattaché. Investissement total du projet ? 600 000 euros. Mais la majorité de cette somme ne sort pas des budgets de l’hôpital.
L’Agence régionale de la santé prend en charge 80 % des coûts de ce laboratoire de marche. Le financement provient d’un appel à projets, en 2021, pour la modernisation des structures sanitaires et médico-sociales destinées à la prise en charge des personnes accidentées de la route. « Il s’agit du plus important financement d’équipement national pour 2022 », précise le CHU de Nîmes dans son communiqué de presse.
Le Grail vient compléter le plateau technique de rééducation déjà en place dans cet hôpital comptant 200 lits. La réalité virtuelle y prend de plus en plus d’importance. D’anciens patients peuvent profiter de la modernisation du service de ces dernières années. C’est le cas de Stéphanie Pisciotta, amputé des quatre membres en 2015 de suite de maladie. « Le docteur Pantera m’a fait venir pour tester la nouvelle machine », raconte-t-elle.
«Une plateforme Handiconsult»
« On a pu voir que les faux pieds que j’avais aujourd’hui n’étaient pas optimums. La machine a pu se rendre compte que ma marche était meilleure, plus stable avec de nouvelles prothèses. Le pas est plus précis et je pose le pied plus longtemps au sol, c’est moins saccadé et moins précipité, je me sens beaucoup mieux », raconte-t-elle.
« On vise à devenir une plateforme Handiconsult, dit le directeur général de l’hôpital. C’est-à-dire, une labellisation d’accès pour les handicapés en réadaptation à des outils d’analyse et de mouvement ». Nicolas Best précise que l’hôpital du Grau-du-Roi serait ouvert à accueillir de plus en plus de sportifs handisport de haut niveau.
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