A Générac, l'incendie du 07 juillet a de nouveau ravagé les terres... Rencontre de la brigade d’enquête du Gard ce mardi 09 août, une équipe composée de trois officiers, un membre du SDIS, un officier de la gendarmerie de Nîmes, ainsi qu’un technicien de l’Offiche National des Forêts...
Le SDIS ne cesse de le rappeler : 90% des feux sont provoqués par l'action de l'homme. La brigade d’enquête RCCI mise en place il y a plus d'une dizaine d'années a pour mission la Recherche des Causes et Circonstances d'un incendie. Quand fait-on appel à ces enquêteurs ? Lorsqu'aucun élément recueilli ne permet d'établir la cause. L'ONF, est le premier contact sur le terrain, grâce à leurs véhicules patrouilleurs en forêt, et les porteurs d’eau chargés d'éteindre les feux naissants. "Le Père forestier décide d’activer la cellule d ‘enquête" nous explique Philippe Barberis de la DDTM.
Les trois membres de la cellule sont prévenus l’avant-veille (avant d'intervenir sur le terrain). La brigade d'enquêteurs fonctionne par un roulement, il n'y a pas d'équipe exclusivement consacrée aux enquêtes sur les incendies, mais un incendie est attribué à une équipe donnée, puis le suivant à une autre etc..
Les trois corps de métier mettent en commun leurs diverses compétences, et, grâce à leur approche spécifique de la forêt, tentent de reconstituer étape par étape le chemin du feu. « C’est un travail collégial, on discute, on partage nos opinions, ce que l’on repère ».
"Trois cerveaux vaut mieux qu'un"
L’un, le commandant Jérôme Talarot, du SDIS 30 apporte ses connaissances sur la technicité du feu, son déplacement, le déroulement de l’intervention. Le technicien ONF, Jérôme Barberis, vital pour l’enquête, partage quant à lui les données en matière de végétaux présents sur le territoire où a été déclaré l’incendie. Il guide les pompiers en forêt. L’officier de la gendarmerie apporte toutes ses compétences en matière d’enquête et de reconstitution des faits. "La présence de souches par exemple, par laquelle le feu circule, peut expliquer qu'un incendie qui a démarré à tel endroit, se déporte à des kilomètres pour se déclarer sur un autre terrain" explique le technicien ONF.
La présence de souches compte parmi les indices au sol qui suscitent l'attention des enquêteurs © Gaëlle Ohan-Tchélébian
Autre élément à considérer, les sauts de feu : des branches d'un arbre embrasé peuvent tout à fait déporter le feu dans une autre direction en cas de vent... On l'a compris, ils étudient toutes les hypothèses plausibles.
S'il leur arrive d'être en désaccord, "on s'écoute, on en parle, si l'un d'entre nous a des doutes sur le périmètre de l'incendie, on étend le périmètre" explique le major Pascal Sperandio. Pas de concurrence entre nos trois enquêteurs, qui oeuvrent dans un seul et même objectif : comprendre ce qui a déclenché le feu. Au terme de l'enquête, une fois le rapport co-signé par les trois parties, la gendarmerie prend le relai.
De g. à d., Pascal Sperandio (chef de la cellule d'identification criminelle), Jérôme Barberis (ONF), Jérôme Talarot (SDIS30) © Gaëlle Ohan-Tchélébian
Tandis que le nombre d'incendies dans le Gard a plus que doublé par rapport à l'an dernier, le technicien ONF constate que paradoxalement, la surface forestière qui représentait 25% du département dans les années 50, en représente 50% aujourd’hui « beaucoup d’oliveraies ont disparu et ont été remplacées par la végétation, la forêt s’est étendue, elle se régénère ». Mais elle n’est pas immortelle, en cas de multiples incendies sur un même terrain, la végétation peut ne jamais retrouver de sa superbe...