Le groupe national de surveillance des arbres (GNSA) dispose désormais d’une antenne dans le Gard. Un fait acté ce vendredi 24 mars aux squares des Antonins à Nîmes en présence d’une dizaine de personnes. L’association compte bien se mettre à l’œuvre rapidement pour empêcher la décapitation de nos pourvoyeurs d’oxygène.
« On les considère comme des empêcheurs de bétonner, alors on les coupe », dit Patricia Sequier, venue pour le lancement de cette antenne locale. Un petit debrief, quelques photos, puis les personnes sont invités à signer la charte du GNSA.
« La cause des arbres est énorme pour moi, ça devrait l’être à tout le monde, ajoute Patricia, les arbres qu’on a sont précieux, ils tiennent chaud en été, froid en été, ils redistribuent l’eau puisée par les racines par l’évapotranspiration ».
Artiste, Sylvaine Louradour se dit elle aussi sensible à la cause des arbres multicentenaires. Pour elle, pas question de les couper, même sous la promesse d’en replanter. « Ça ne sert à rien. Pour que l’arbre reprenne sa fonction d’ombrage ou de piège à gaz carbonique, il faut 20, 30 ou 40 ans. Oui, il y a trop d’arbres coupés à Nîmes ». Un constat qu’elle et cette nouvelle association comptent bien endiguer par différentes actions.
Empêcher l'abattage
« Si l’on doit occuper de futurs chantiers où il y a des arbres menacés, on le fera. Si l’on doit monter dans un arbre et rester plusieurs heures, voir plus, on le fera », dit Alain Roubineau. À l’initiative de cette création d’antennes locales, ce nouveau retraité après une carrière administrative dans l’armée affirme que la simple information au public ne suffit parfois pas à dissuader les décideurs.
Investi dans la défense de l’environnement depuis 2011, Alain Roubineau n’annonce pas d’action spécifique pour le moment. « Le mal est fait », selon lui. Il pointe du doigt l’aménagement de la partie sud du projet du parc Jacques Chirac, le contournement de Nîmes Ouest, mais aussi les travaux du Vistre de la Fontaine.
Pour ce dernier, « il a conduit à l’abattage de 3 800 mètres de ripisylve. Au total, ce sont plus de 1000 arbres séculaires qui ont été abattus. On comprend l’impératif de mise en sécurité de biens et de personnes, pour des gens comme moi qui ont vécu les inondations de 88 et 2002, mais on questionne les moyens mis en œuvre. Ce qui a été perdu ne sera jamais compensé, jamais », dénonce-t-il.
Il passe 28 jours dans un arbre
Contre toute abattage d’arbres, et pour tout aménagement de nouveaux arbres, telle est la philosophie vulgarisée du GNSA local. Les arbres sont pour Alain Roubineau garant de « l’équilibre naturel ». « Aujourd’hui, on paie toutes ces destructions d’arbres. Les relations que la jeunesse entretient avec les générations plus anciennes se dégradent, car il n’y a plus de respect des équilibres naturels », dit-il.
Sur le plan national, le GNSA voit le jour en 2019 sous l’impulsion de Thomas Brail, un grimpeur alpiniste, défenseur des arbres résidant à Mazamet, au pied de la montagne noire dans le Tarn.
L’homme est connu pour ses opérations militantes pour empêcher des abattages. En 2020, il s’est accroché et a passé 28 jours dans un platane en face du ministère de l’Écologie à Paris. Une action qui lui vaut une belle couverture médiatique pour faire appliquer la loi L350-3, interdisant l’abattage de tout arbre en bonne santé.
Une rencontre fructueuse
Le Nîmois Alain Roubineau a rencontré Thomas Brail, en novembre dernier à Montferrier, près de Montpellier, alors que ce dernier tenait une conférence sur le chêne de Castelnau-le-Lez, arbre classé « arbre remarquable », mis en péril par un promoteur.
Alain Roubineau raconte. « J’ai suivi cet homme et je l’ai rencontré. C’est suite à cette rencontre qu’il nous a dédicacé un petit bouquin et il m’a ensuite mis en relation avec les bénévoles de l’association nationale qui gère la partie des antennes ».