Après les récents vents sur la côte méditerranéenne, de nombreux dépôts de zostères se sont à nouveau échoués sur la plage du Grau-du-Roi. Ces plantes aquatiques, notamment étudiées par l’institut marin du Seaquarium, sont en progression dans le coin. Une bonne nouvelle pour la nature, revendique la municipalité et des chercheurs.
Les zostères sont des plantes aquatiques, à ne pas confondre avec des algues, qui favorisent la reproduction des poissons et stabilisent les plages. Durant l’hiver, selon les houles, elles s’arrachent et se déposent sur la plage. En ce début d’année, les zostères font pleinement partie du paysage local.
Le vent et la pluie dévoilent la vraie nature des plages. Les étendues blanches bordant la mer ont grise mine ce vendredi. Les dépôts d’herbes aquatiques remplacent les touristes, allongés, recouvrant le sable, laissant apparaître parfois quelques étrangetés.
« Tiens, voilà un œuf de raie », s’exclame Chloé Espinosa, médiatrice scientifique pour l’institut marin du Seaquarium. L’océanographe arrivée en novembre s’intéresse de près aux zostères. Ces plantes aquatiques bien implantées sur la rive gauche du Grau-du-Roi. Une caractéristique rare dans le coin, provoquée par l’ensablement.
Des herbes qui maintiennent les plages
« La flèche de l’Espiguette est une zone d’ensablement vraiment connue. C’est dû aux sédiments du Rhône qui arrivent vers l’Espiguette », explique l’océanographe. Ces mouvements de sable dépendent de plusieurs facteurs, dont la forme de plage. « C’est surtout une question de courantologie », affirme Chloé Espinosa. Ici, la présence de zostères naines est favorisée par le contexte lagunaire de la baie.
Pas toujours agréable de marcher dedans pour certains touristes les pieds dans l’eau. Qu’importe, ces plantes sont utiles à la nature et à l’homme qui y vit. C’est ce qu’on appelle des services écosystémiques. Chloé Espinosa en cite au moins deux : la reproduction des poissons, notamment plats comme les raies, mais aussi le maintien de la plage.
Mi-novembre déjà, la plage était recouverte de zostères. Le maire de la commune, affirmant qu’il s’agissait d’une première, décide de ne pas ramasser les dépôts d’herbes arrachées. « Elles ont un très bon effet pour fixer le sable, il n’y a pas besoin de faire du paillage », explique Robert Crauste qui ajoute que les dépôts avaient ensuite été ensevelis sous sable.
La municipalité s'aligne sur la protection de l'environnement
Au Grau-du-Roi, la plage peut s’effriter sous les courants. « L’avantage de ces plantes sur le bord de plage, c’est qu’elles récupèrent la puissance et le dynamisme des vagues et elles limitent le sable qui part à la mer », explique Chloé Espinosa, la médiatrice scientifique du Seaquarium.
Son premier service reste son grand intérêt écologique en termes de reproduction. Les zostères, ces prairies marines sont des zones de nurseries. « Elles permettent aux poissons de se reproduire, de se cacher, de se nourrir. C’est vraiment important de les garder en état, car ça permet d’avoir des populations de poissons qui se renouvellent », dit la spécialiste.
Pas question de céder à un touriste. La municipalité préfère miser sur la pédagogie concernant ces plantes aquatiques, qui ne sont pas des algues. « Une algue, ça a des crampons, ça peut s’accrocher aux rochers ou flotter. Une plante marine a des racines dans le sol, elle aura des feuilles et un cycle de vie : perdre ses feuilles en hiver. C’est normal de retrouver des feuilles sur la plage », explique l’océanographe.
Malgré la progression de ces espèces sur la plage, le maire l'assure : «Il n'y a pas et il n'y aura pas d'arrachage». Les dépots d'herbes arrachées seront cependant nettoyées, avec le reste de la plage, tous les jours pendant la periode estivale. L'institut du Seaquarium et Chloé Espinosa prévoient, quant à eux, de mener de nouvelles études pour déterminer avec plus de précisions leur présence.
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