Walter White est-il vraiment un bon chimiste? Par quel processus psychologique est-il devenu Heisenberg, un homme craint et sans pitié? Une cinquantaine de personnes était ce jeudi 8 décembre au tiers lieu Le Spot pour une «soirée cult’» organisée par l’association Instant Science en partenariat avec l’Université de Nîmes. Des chercheurs experts ont décrypté la série.
Quoi de mieux pour apprendre que d’étudier l'œuvre à la réputation de «meilleure série de tous les temps»? C’est en quelque sorte la philosophie de l’association nationale Instant Sciences.
«Notre association veut promouvoir la science à tous et à toutes et on avait comme objectif de toucher des jeunes qui ne sont pas forcément amateurs de science et les séries, les films, les jeux vidéos sont un super moyen pour capter ce public-là», explique Anaïs Moressa, chargée de mission à Instant Sciences.
«L’objectif de la soirée n’est pas d’apprendre à faire de la drogue !», prévient-elle. Au programme de la soirée : décryptage de la chimie présente dans Breaking Bad, analyse des effets de la drogue sur le cerveau et discussion autour de la psychologie «très particulière» du professeur Walter White.
Et pour ce, trois chercheurs de l’Université de Nîmes étaient présents : une professeure de Chimie, une spécialiste de la neuroscience, et une experte de la psychologie. Tous sont issus de l'Université de Nîmes qui a elle-même fait le choix de cette série pour la soirée.
La recette de Heisenberg n’est pas très fiable !
Elle l’assure : «Je n’ai jamais essayé de fabriquer de la méthamphétamine ou n’importe quelle autre drogue ! », dit avec humour Zohra Benfodda, maître de conférences en chimie médicinale à l’Université de Nîmes.
Alors, cette synthèse chimique, réaliste ou pas? «Je trouve que c’est pas mal présenté. Je pense sincèrement que les réalisateurs ont pu compter sur un très bon scientifique en conseils, parce que pour la plupart des scènes, je trouve que c’est assez réaliste», constate-t-elle.
Pour autant, la chercheuse reste sceptique quant à la capacité des personnages à réaliser cette méthamphétamine bleue, pure. « Même s'il explique que c'est pseudoephedrine, qu'il utilise un réducteur, qu'on voit le phosphore... C'est un peu compliqué, par qu'il y a un ordre en chimie, il y a des cinétiques de réaction. Ce n'est pas si simple que celà, bref, c’est un métier!», dit-elle. D'un côté, «tant mieux», ajoute-t-elle, «le but de cette série n'est pas d'inciter à la fabrication de cette drogue».
La méthamphétamine, tragique pour le cerveau
«Je suis la caution santé du soir», plaisante quant à elle Laurie Galvan. Maître de conférences en neurosciences à l’Université de Nîmes, elle pointe du doigt les effets néfastes de la méthamphétamine (objet central de la série) classée parmi les plus addictives au monde.
«Ce qui est bien représenté dans la série, ce sont les phases aiguës de plaisir qu’elle procure. Mais surtout, le revers de la médaille des personnages : des problèmes physiques et la mort d’un des protagonistes (NDLR La compagne de Jessie Pickman)».
Elle compare la méthamphétamine à un piratage informatique. «Il y a des petits pirates et de gros pirates qui vont bloquer tout l'ordinateur. La méthamphétamine, ça ne va pas pirater un système, mais 5 systèmes de votre cerveau», affirme-t-elle. Ayant vécu 6 ans aux États-Unis, elle témoigne de la tragédie que représente cette drogue qui réduit l’espérance de vie à 10 ans si elle est prise régulièrement, plusieurs fois par jour. Mieux vaut ne pas y toucher, donc !
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