Ils ont rendez-vous au Panthéon pour la cérémonie de remise des prix. Deux classes de terminale du Lycée Dhuoda à Nîmes, sous l’initiative de leurs professeurs, ont monté un projet dans le cadre de l’action Héritiers de mémoire. Ce mercredi 28 février, ces élèves qui s’intéressent à la guerre d’ex-Yougoslavie étaient sensibilisés aux sanctions pénales internationales.
Fin de la Deuxième Guerre mondiale, « le droit international ne correspond pas tout à fait à la situation. On va alors créer le délit de génocide », raconte Yann Jurovics, maître de conférences en droit public à l’université d’Évry, devant une salle attentive. Adopté en 1948, la convention pour la prévention et répression du crime de génocide fixe une définition : « Un crime commis dans l’intention de détruire, ou tout, ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
L'ex-Yougoslavie, mais aussi l'Ukraine et Israël-Palestine
Les questions fusent. Forcément, les élèves s’intéressent aux conflits du moment. À commencer par le conflit israélo-palestinien, mais aussi la guerre opposant la Russie à l’Ukraine. Arrivé en France 15 jours après le début du conflit, cet élève de terminale du lycée est particulièrement impliqué. « Je voulais savoir pourquoi la Russie dispose d’un droit de veto aux Nations unies, mais aussi savoir si la famine, voulue par Staline en 1932, qui a fait 5 millions de morts en Ukraine n’est pas considérée.
« Seuls trois génocides sont reconnus à l’heure actuelle : celui des Arméniens (1915), celui des juifs (1941-45), celui des Tutsis au Rwanda (1994) », lui répond le professeur qui insiste sur l’importance des définitions juridiques. Il y a quelques années, ce juriste était rattaché à la Cour de justice internationale. Il participe notamment aux procès du dictateur d’ex-Yougoslavie, Slobodan Milosevic, ou du colonel Théoneste Bagosora, haut responsable du génocide à l’encontre des Tutsis au Rwanda.
«Illustrer, informer, détourner»
« L’idée, c’est d’expliquer très clairement et synthétiquement ce qu’est un crime de guerre, ce qu’est un crime contre l’humanité et ce qu’est un génocide, pour ne pas laisser leur esprit en formation être à la merci de l’instrumentalisation ou de la médiatisation qu’en fait la télévision aujourd’hui. Rétablir la réalité, tout simplement », affirme le professeur. La tâche n’est pas toujours évidente : « le droit international est un droit jeune, appliqué parce que les États décident de le mettre en œuvre », résume Yann Jurovics.
Cette conférence entre dans une programmation plus complète. Quatre professeurs du lycée ont décidé l’année dernière de participer à l’opération Héritiers de Mémoire, porté par la Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA). Le thème choisi ? « Photographier et filmer les conflits à l’époque contemporaine. Illustrer, informer, détourner ».
Le 14 mai à Paris
« Nous sommes allés voir deux films au Sémaphore La voix d’Aïda et Perfect Day. Ensuite, nous avons analysé des photos de l’armée. Nous recevons aujourd’hui un juriste du droit international et nous recevrons bientôt une photoreporter », explique Véronique Izard-Achour, professeure d’Histoire géographie. Le projet final consistera à tenter de reproduire au mieux des photos prises par des soldats en opération extérieure.
Ces élèves seront récompensés au Panthéon. Il ont rendez-vous le 14 mai prochain, à Paris, pour une cérémonie interministérielle. « Il y a deux ans, on avait fait ce projet sur la guerre d’Algérie. On avait déjà gagné le prix. Ça avait super bien marché parce que les élèves avaient rencontré des personnes de différents camps. Là, nous avons choisi l’ex-Yougoslavie, car ils ne connaissaient pas du tout », conclut la professeure.
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