Cette visite se voulait discrète. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est venu présider la cérémonie de sortie des gardiens de la Paix à l'École nationale de police de Nîmes ce vendredi 14 avril. Mais une crise sociale et politique ne s'oublie pas comme cela. L’occasion est parfaite pour lier son déplacement avec l'actualité.
Le dispositif de sécurité était important ce matin à l’école de police. «Contexte oblige», indique un membre de l’organisation, questionné sur les raisons de ce renforcement par rapport au dernier déplacement à Nîmes du ministre.
Une poignée de manifestants attendent au niveau du rond-point de Paloma. Ce «comité d'accueil» bloque une voiture du ministère au moment où l'un des manifestants est renversé, à basse allure, par un motard. La vidéo de cette scène filmée compte une quinzaine de milliers de vues sur Twitter.
#Nimes pendant notre comité d'accueil à la venue de #Darmanin un motard de la police ma renversé #manif14avril pic.twitter.com/x15iDKsO2g
— Spider_Jerus@lem Ⓐ🔻 🏴🐈⬛✊ 🕷☠️🕸🏴☠️🖤 (@SpiderJerus) April 14, 2023
Cette venue de Gérald Darmanin est une surprise, ou presque. Les rédactions locales ont été prévenues hier, dans la journée de la venue de l’homme d’État. Ce vendredi matin, les journalistes s’étant accrédités étaient les bienvenus, pas leurs questions. Selon le service communication du ministère, il s’agit du protocole habituel pour une visite cérémoniale.
L'insurrection, «ennemi de la liberté»
Difficile de rester concentré sur la cérémonie au regard de l'actualité politique. Gérald Darmanin n'est pas épargné ces derniers temps. Mercredi dernier, il était auditionné par la Commission des lois sur la gestion du maintien de l’ordre pendant les manifestations contre la réforme des retraites de ces dernières semaines.
Allusion au contexte ou non, le ministre insiste sur l’importance de l’ordre républicain ce vendredi dans le sud. «C’est ici dans cette belle ville de Nîmes que naquit et grandit François Guizot (...) un grand ministre de l’Intérieur. C’est dans ses fonctions (...) qu’il prononça le 29 décembre 1930 un discours remarqué dans lequel il rappelait à ses opposants politiques et plus largement à l’ensemble des Français que l'esprit d’insurrection est un esprit radicalement contraire à la liberté».
La défense du «pays des droits de l’homme»
Monsieur Darmanin est au cœur d’une autre polémique nationale cette semaine. Dans une tribune publiée dans le journal l’Humanité, 1 000 signataires s’indignent des menaces du ministre envers la Ligue des droits de l’homme (LDH). Le résident de la Place Beauvau a déclaré au Sénat que les subventions de l’État envers cette institution «méritent d’être regardées dans le cadre des actions qu’ils ont pu mener.».
À Nîmes, face aux nouveaux policiers, il vante les mérites des droits de l'homme à sa manière. «La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 explicite que la garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique, et cette force c’est vous. C’est vous qui appliquez le droit à la sûreté inaliénable», a déclaré le Minstre, motivant ainsi les troupes à entamer leur carrière.
Après les propos de Gérald Darmanin puis d'Elisabeth Borne remettant directement en cause les activités de la #LDH, de très nombreuses personnalités nous apportent leur soutien. Merci !https://t.co/y8FRSOxs7l
— LDH France (@LDH_Fr) April 13, 2023
Retraite des policiers : 54 au lieu de 52 ans
Ces derniers mois, il est question de retraite. Il est bon de rappeler que le syndicat policier Alliance s’oppose également à cette réforme. Actuellement, un policier peut partir à la retraite à l’âge de 52 ans. Si la réforme est appliquée, l’âge minimum de départ sera de 54 ans. Contacté par Le Réveil du Midi, Rémy Alonzo, secrétaire départemental d’Alliance police nationale, n'a pas pu rencontrer le ministre ce vendredi matin à Nîmes.
«Nous sommes toujours opposés à cette réforme», insiste-il, plaidant pour la position de son syndicat. «On ne peut pas courir après les bandits en déambulateurs», dit-il. Rappelant que les policiers nationaux ne disposent pas du droit de grève, il indique que des «actions plus dures» seraient menées si le gouvernement ne les entend pas.
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