Nîmois d’adoption, le banderillero a été sérieusement blessé à l’automne dernier en Espagne. Totalement rétabli, il va faire son grand retour mi-mars dans les arènes de Valence.
Il porte sur le mollet droit une trace indélébile. Ainsi va la vie de ceux qui se mesurent aux fauves et qui connaissent le prix qu’il faut parfois payer. Julien Breton Merenciano n’a pas oublié la date. C’était le 6 septembre dernier dans les arènes espagnoles d’Argenda del Rey. Le banderillero français était au service du novillero Ismael Martin. « On venait de donner quelques quites à la cape. On a amené le toro à un des burladeros qui, là-bas, sont très étroits. J’ai rentré tout le corps mais une de mes jambes était encore à la merci du toro qui m’a attrapé et m’a entière sorti du burladero », raconte-t-il.
La suite, des moments qui semblent interminables, des blessures par coups de cornes dans le mollet gauche provoquant d’importants dégâts musculaires et une fracture du péroné. La saison battait son plein. Elle s’est subitement arrêtée. « C’est probablement, raconte-t-il, un des coups de corne les plus sérieux de la temporada 2023. »
Du hand à Lyon et à l’Usam
Opération, hôpital, rééducation, le Nîmois d’adoption a serré les dents et pris son mal en patience, sans jamais douter un seul instant d’un retour en piste. Les handballeurs de l’Usam Benjamin Gallego, Damien Gibernon et Jean-Jacques Acquevillo, eux aussi blessés, ont un temps été ses compagnons de rééducation. « L’occasion, dit-il, de me remémorer mes années hand quand j’étais plus jeune. »
A cette époque-là, Julien Breton Merenciano, né à Grenoble, pratiquait ce sport collectif du côté de Lyon (il l’a même un temps retrouvé en loisirs à l’Usam). Et puis sont arrivé les toros. « Avec mon père, on était inscrit au club taurin de Lyon. On allait voir des corridas à Béziers, à Barcelone », dit encore Julien Breton Merenciano qui ajoute : « Un jour, j’ai dit à mes parents que je voulais m’inscrire à l’école taurine d’Arles. Ils m’ont dit qu’ils m’aideraient si j’avais mon bac. Et c’est comme ça qu’en 2002, je suis arrivé à Arles où je me suis inscrit en BTS action commerciale. »
Le rêve de s’habiller d’or et de lumière n’a pas résisté au cap des novilladas sans picador. « J’ai même failli tout arrêter », dit Julien qui, en voyant vivre les cuadrillas, s’est dit qu’il y avait quand même peut-être quelque chose à faire dans les toros.
Un apodo en hommage à sa grand-mère paternelle
Va donc pour l’habit d’argent. Et un hommage à sa grand-mère paternelle originaire de la région de Valencia et dont il a ajouté son nom, Merenciano, en guise d’apodo. Le parcours est atypique. Depuis qu’il est entré dans la confrérie de ceux que l’on appelle les subalternes, Julien Breton Merenciano n’a jamais intégré fixement une cuadrilla. Mais cela ne l’empêche pas d’honorer plus d’une quarantaine de contrats par saison, essentiellement avec des novilleros et deux côtés des Pyrénées.
Cette année, après une fiesta campera, le 10 mars dans les arènes de Saint-Laurent d’Aigouze, au service du matador nîmois Solalito qui va lidier un novillo, il débutera officiellement sa saison dans les arènes de Valence avec Valentin, le jeune novillero nîmois. Bellegarde, Aignan, Saint-Martin-de-Crau, San Agustín del Guadalix, Aire-sur-Adour, Céret et Beaucaire figurent d’ores et déjà sur l’agenda de cette temporada du grand retour.
Frédéric Prades