Imaginez, un parc Disney à quelques dizaines de minutes de chez vous, dans le Gard ! En concurrence avec Marne-la-Vallée dans les années 80, le village de Méjannes-le-Clap aurait pu accueillir le seul parc d'attractions Disney d'Europe. À l’approche des fêtes féeriques de Noël, Le Réveil du Midi vous replonge dans ce projet fou aujourd’hui tombé dans l’oubli.
« Ça nous avait marqués à l’époque, car c’était quelque chose d’exceptionnel », se souvient Françoise Laurent-Perrigot, aujourd'hui présidente du Conseil départemental du Gard. Disneyland avait bien failli s’installer dans le Gard. Une délégation des responsables de Disney était même venue visiter le village, alors en concurrence avec Marne-la-Vallée.
«C’était en 1982-83», raconte Françoise Laurent-Perrigot ne se souvenant plus exactement de l’année précise. «L'entreprise Walt Disney cherchait un site en Europe pour implanter un Parc Disneyland». D’abord hésitant entre la France et l’Espagne, les dirigeants de Disney optent finalement pour le premier pays. Pierre Verdelhan, directeur du comité départemental du tourisme de l’époque, entre en contact avec eux. « Immédiatement, nous avons déposé notre candidature pour être retenus comme site. Les Américains sont venus sur place », se souvient-elle.
À l’époque, le Conseil départemental du Gard cherchait à développer Méjannes-le-Clap, un toute petite commune dont il avait acheté tous les terrains à la fin des années 70. «Nous venions de classer Méjannes-le-Clap comme ‘’station touristique’’, car nous souhaitions développer ces territoires de garrigue».
Des Américains dans la garrigue
« Voir ces Américains débarquer, à l’époque, c’était très impressionnant, se rappelle la présidente du Département. C'était un autre monde, des gens qui arrivaient avec des idées avant-gardistes qu’on ne connaissait pas à l’époque ici. C’était très impressionnant et alléchant, car ils nous vendaient ce qu’ils avaient mis en place en Amérique. On s’y voyait déjà !». Le projet prévoyait notamment la construction d'une dizaine d’hôtels autour du parc.
À l’époque, Françoise Laurent-Perrigot est vice-présidente du Département, siégeant au comité de Méjannes-le-Clap et au comité du tourisme. Elle est donc présente le jour où la délégation de trois personnes, dont probablement Michael Eisner, PDG du groupe, arrive dans le Gard.
C’était au printemps. Ensemble, ils visitent le secteur au nord du Centre sportif : la garrigue, les grottes, les menhirs autour du village et même le camping naturiste. Elle se souvient de l’emballement du président de Disney pour le lieu, notamment pour le soleil du sud de la France et la possibilité de créer des activités ‘’nature’’ dans les grottes.
L'autoroute devait relier Méjannes
Un seul problème majeur se pose alors : les infrastructures de liaison. Pour attirer les visiteurs, Méjannes-le-Clap devait être accessible par l’autoroute. Le Conseil départemental table alors sur des liaisons entre le nord de la commune et Bollène, où se trouve l’entrée de l’autoroute A7. Un projet de liaison entre Nîmes et Méjannes-le-Clap est également au goût du jour. Coût du projet : près d’un milliard de francs, beaucoup d’argent, en ces temps où Gilbert Baumet tenait les rênes de l’institution.
La somme freine les ardeurs du Département qui se tourne vers l’État. Ce dernier a son mot à dire dans l’implantation d’un tel projet en France. Une délégation gardoise rencontre à plusieurs reprises le Premier ministre de l'époque Pierre Mauroy. « Il était favorable à ce genre de projet en France. Mais il préférait que le Parc s’installe proche de Paris, parce qu’il estimait que c’était beaucoup mieux. Il nous a fait comprendre que l’État mettrait la main à la poche si Disney s’installait à Marne-la-Vallée », dit Françoise Laurent-Perrigot.
«On est passé à côté de quelque chose d’essentiel»
Face à ce constat, le département renonce au projet de liaison. « Tout le monde a eu peur des conséquences financières, car on ne savait pas où on allait à l’époque. Ce concept de parc était nouveau. Nous pensions que c’était un peu une utopie et que les Français ne seraient pas enthousiasmés par ce genre de choses ».
Aujourd’hui, Françoise Laurent-Perrigot dit regretter cette décision. Elle pense que si le département avait insisté, le célèbre parc d'attractions se serait installé dans le Gard. «Je pense que c’est dommage, car on est passé à côté de quelque chose d’essentiel. Je regrette aujourd’hui. Je pense que ça aurait été très bien. Quand on voit le nombre d’hôtels autour et toute l’économie locale que ça amène… ».
En 1987, Disney conclut finalement un accord avec l'État français pour la création d'un domaine de loisirs aux portes de Paris, Euro Disney Resort. Il ouvre en 1992. En 2012, Disneyland Paris atteint un record de 16 millions de visiteurs. Dommage pour notre département !
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