Eric Zemmour au Grand Hôtel le 15 oct. pour, officiellement, une signature, a drainé le ban et l’arrière-ban. Plus de 900 personnes dans une salle qui peut en accueillir 700, sans compter les 200 ou 300 personnes qui continuaient à faire la queue, l’image marque, trois-quarts d’heure de retard sans clim aussi.... Mais le staff Génération Z faisait «l’anim’», «vas-y là, lance une Marseillaise ou un Zem-mour pré-si-dent». Une signature donc...
Pas de scoop, le non-candidat à la présidentielle, non-politique, a surfé sur ses acquis : guerre d’Algérie, «grand remplacement» et tous les codes : travail, famille, patrie, école méritante, un peu Vichy même si le croissant rouge a remplacé l’étoile jaune.
Des citations pointues, pour toucher du doigt une érudition non contenue, enfoncent le clou d’une erreur d’aiguillage de l’histoire, l’immigration depuis 62, où tous les maux de notre société trouveraient racine.
Dès l’accueil, impossible de rater le staff, en tee-shirts «Zemmour 2022», des jeunes surtout, mais aussi des ingénieurs, des comptables....
Un enthousiasme sans frein. Justine, 18 ans, l’oeil pétillant, le dit : «j’ai été biberonnée à Zemmour depuis toute petite, je ne vois pas d’autre option».
Un staff piloté par de plus costauds, plus discrets. «Organisez-vous, ce soir à 23h collage à Montpellier» envoie un dynamique quinquagénaire en passant.
Gilbert Collard © S. Vaneecke
Les surprises étaient plutôt dans le public.Quelques LR en vue mais discrets, le très voyant Gilbert Collard au 1er rang, qui avait «prévu sa soirée depuis 2 mois» mais qui quittera la salle pensif, se refusant aux commentaires, et un public tendance classe moyenne à supérieure, mâtiné de militaires ou forces de l’ordre en civil et de jeunes de 15 à 30 ans, ou des fans de la Manif pour tous...
Et les propos de Zemmour taillent dans un marais de non-dits et d’auto-censure dont se nourrit la colère offensée de ceux qui ne trouvent plus leur place.
Beaucoup étaient là pour s’alimenter d’arguments, mais d’autres sont venus «voir la star qui défraie la chronique et ébranle le ronron des présidentielles. C’était l’occasion, sourit Jean-Paul, prof d’histoire, il monte dans les sondages alors qu’il n’est pas candidat. Je n’ai jamais vu ça dans la Vème [République]».
Sur scène, Zemmour dessine ses piliers et envoie quelques scuds, ponctués de clins d’oeil à sa conseillère Sarah Knafo, énarque souverainiste de 28 ans. Contrôle du propos et de l’image, télés internationales aux aguets, audience maximale, d’évidence, la déclaration est attendue et l’équipe de campagne en embuscade.
Assaut de télés nationales et internationales © S. Vaneecke
En fin de «conférence», un avocat marseillais lui demande pour qui il leur conseille de voter. E. Zemmour lui répond : «demandez à la salle», qui sur un signe du staff lance : «Zemmour pré-si-dent». Bien rôdé...