Impossible d’ignorer ces voitures de gendarmes, de pompiers, ces barrages, ces infos. Dans la commune de Sainte-Anastasie, regroupant les hameaux de Dions et Russan notamment, les recherches continuent concernant trois personnes, dont deux enfants, emportées par la crue du Gardon samedi soir. Autour des recherches des secours, des habitants se disent tourmentés et cherchent des explications par eux-mêmes.
« Ah ben, la route n’était pas barrée samedi et elle l’est maintenant ! », s’étonne Nicole. Habitants du village « depuis toujours », elle et son mari ont décidé de faire la route à pied depuis le centre de Dions jusqu’au pont qui fait la Une de l’actualité nationale. Ils comptent bien y voir ce qu’il s’y trame. Malgré leur âge, ils sont déterminés, avancent et tombent sur une palette de sauveteurs, des gendarmes, la police et d’autres habitants.
L’un d’entre eux scrute la rivière, histoire de tenter d’apercevoir quelque chose. Tout près des pompiers, il remarque une marque de peinture, tracée à la bombe, sur le bord de route, juste avant de s’engager sur le pont en venant de Russan. « À mon avis, c’est là que la voiture s’est fait emporter », dit-il. Il tend son doigt : « Regarde, on voit des morceaux de la voiture, là ». En contrebas de la digue de rochers, dans l’herbe, un morceau de rétro et des vitres brisées sont là.
«De savoir qu'il y a des enfants, c'est terrible»
Une quinzaine de pompiers sont dans les parages. Ce n’est pourtant pas ici que se concentre le gros des recherches. Il faut aller quelques kilomètres plus loin, sur le pont de Russan (D418) pour apercevoir au loin les embarcations des secouristes. Ici, personne ne passe : les gendarmes veillent au grain. Les habitants en voiture doivent faire demi-tour. Cela contrarie, mais la grande majorité se montre compréhensive du travail des secours et fait le détour par Uzès.
À quelques mètres du pont bloqué, une femme marche. Tenue de marche, bottes pleines de boue et bouquet de thym à la main. Elle habite juste au-dessus du versant du Gardon. Depuis samedi soir, elle voit les équipes de secours se déployer devant chez elle. « Je vous avoue que j’ai du mal à dormir, explique-t-elle. C’est surtout pour les enfants, de savoir qu’il y avait des enfants, c’est terrible, ça fait beaucoup de peine », dit-elle.
Rendez-vous au poste central. À quelques mètres de là, devant la mairie, des dizaines de voitures pompiers, de la sécurité civile et des gendarmes sont garés. Dans l’Hôtel de Ville, le maire est débordé. « Depuis la nuit de samedi, je ne vous cache pas que je n’arrête pas. Nous dirigeons les secours dans des endroits improbables, pour trouver éventuellement des réfugiés sur un arbre. On a passé beaucoup de temps à ça et à mettre à disposition des lieux et du matériel pour les secours », affirme Gilles Tixador.
Un problème de barrière ? «Polémique pure», répond le maire
« J’aurais préféré avoir seulement des dégâts matériels sur la commune », lance-t-il. Selon le maire de Saint-Anastasie, élu depuis 10 ans, les gens du village sont habitués aux dangers du Gardon. « C’est quelque chose qui est ancré dans la culture des gens du village, donc on le maîtrise. Après on est plus habitué à des dégâts matériels, là malheureusement, aujourd’hui, on a des pertes humaines, des gens recherchés », dit celui qui se rappelle d’inondations ayant provoqué de gros dégâts en 2014.
Qu’aurait-il pu être fait pour éviter cela ? Le retard de la pose de barrière ou de signalisations est-il en cause ? « On est dans la polémique pure, je pense que les réseaux sociaux ont joué leur rôle là-dessus. Jusqu’à maintenant, on n’a jamais eu de problème. Concernant la polémique, j’entends tout et rien donc je ne peux pas vous dire. Je ne sais pas exactement quand la barrière a été fermée ni quand la voiture est passée », conclut Gilles Tixador qui précise qu’il s’agit d’une compétence départementale.
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