Ce mercredi, un retraité du ministère de la Défense, résidant à Moussac dans le Gard, a été condamné pour acte de cruauté sur animaux domestiques, par le tribunal correctionnel de Nîmes. Le prévenu a reconnu avoir piégé deux chats appartenant à ses voisins, Sylvie et Fabrice Gouriou, avant d’exécuter l’un d’entre eux à l’aide de sa carabine.
Les faits ? Le prévenu est jugé pour avoir commis des actes de cruauté envers plusieurs animaux « parfaitement apprivoisés », équipé d’une arme à feu de catégorie C de type carabine. Après les avoir attirés dans un piège, il exécute l’un des chats d'une balle dans la tête, un autre a perdu la totalité de sa vue après en avoir reçu une dans l’oeil (est finalement décédé la semaine dernière, âgé d’un an).
Le prévenu confirme un à un les faits qui lui sont reprochés. Comme seule défense : une attestation de l’association de Brigitte Bardot attestant son "amour" pour les bêtes. Autre argument, le prévenu ne "savait pas qu’on ne pouvait pas tuer les chats", pensant qu’ils étaient "errants". Le soixantenaire aurait perpétré cet acte macabre pour « protéger son élevage de poules et de pigeons », d'après lui menacé par les ‘boules de poils’ du couple Gouriou. L’avocate des plaignants Me Léger-Roustan, a dit garder un sentiment amer de ce "justicier face à l’agresseur de ses poules."
Dès le début de l’audience, le ton est donné : « Les armes à feu, vous avez manié, cela vous avait-il manqué ? ». La juge n’hésitera pas à user d’ironie pour lui faire entendre raison, très vite agacée par le prévenu, ne semblant reconnaître qu’à demi-mots la gravité des faits.
Ce que les parties civiles réclamaient :
A gauche, Sylvie Gouriou, propriétaire des trois chats en cause, Me Léger-Roustan, et les associations constituées partie civile, mercredi 29 mars 2023 © GOT
Frais de soins, frais de justice, frais de déplacements… La maltraitance animale coûte cher. En résumé, en dommages et intérêts, l’avocate du couple Gouriou réclamait pour le prévenu : l’interdiction de détenir des armes à feu, et de posséder des animaux domestiques (à l’exception des poules et des pigeons); 1 500 euros de frais de dommages et intérêts, 3 000 euros pour le préjudice moral, et 164 euros de frais de vétérinaires.
Les associations réclamaient la somme de 1000 euros de dommages et intérêts, au nom de la promotion du droit animalier.
4 associations pour défendre le droit animalier
Tribunal correctionnel de Nîmes © GOT
L'association Les Chats de la Tour, et Animal'gloires, se sont constituées partie civile (défendues par Me Léger Roustan.) Deux autres (Stéphane Lamart et ADDA) représentées par Me Grillon. Les billes de la Défense se sont avérées bien maigres en comparaison au préjudice moral des parties civiles. Le prévenu se fait « tout petit », comme le dit l’expression.
Au cours de l'audience, le procureur comme la présidente du tribunal sont apparus favorables à l’aggravation des peines en matière de maltraitance animale, voulue par le législateur.
Un verdict au delà des attentes
Le prévenu a écopé d'une peine de 2 mois ferme, aménagée en détention à domicile (sous surveillance bracelet électronique). La Cour a suivi le réquisitoire : à la fois pour les indemnités réclamées par les associations, et celles du couple Gouriou. L'ancien commando de l'air n'a plus ni le droit de posséder des animaux domestiques, ni de détenir des armes à feu. « De toute façon, vous ne voulez pas de chat ? Vous les tuez », lâchera la Juge.
Sylvie Gouriou (propriétaire des chats) a confié au Réveil du Midi avoir été "surprise" par la décision du tribunal, et s'est dit "ravie de savoir qu’il ne pourra plus recommencer."
Le condamné, « décomposé » après l’annonce de sa sentence, dispose d’un délai de 10 jours pour faire appel.