Trafic de drogue, violences intrafamiliales, radicalisation violente, atteinte à la probité… L’audience solennelle de présentation des magistrats installés à la cour d’appel de Nîmes depuis un mois s’est tenue ce vendredi 6 octobre en fin de matinée. L’occasion de présenter le nouveau procureur général à travers une partie de son discours listant ses priorités.
« Ce n’est en effet pas sans une certaine émotion que je me remémore, c’était il n’y a que quelques années… en cette fin d’année 1997, où venant du parquet de Paris, j’étais installé comme juge d’instruction au tribunal judiciaire d’Avignon alors tribunal de grande instance où j’allais rester six années. Une prise de fonctions qui m’avait alors conduit à venir me présenter au procureur général de cette cour d’appel, monsieur Olivier Boutan, dont je garde un souvenir encore présent.
Jamais je n’aurais alors imaginé, même dans mes rêves les plus fous, que j’allais devenir, quelques postes plus tard, procureur général auprès cette même cour et donc occuper ce bureau dont j’avais été visiteur (…).
«Je pense d'abord à la lutte contre les trafics»
Il serait prématuré pour moi aujourd’hui de détailler un programme d’action ou de priorités, découvrant à peine le ressort et ses spécificités, mais ma connaissance acquise des problématiques de l’arc méditerranéen auquel appartient en partie le ressort de cette cour me conduit à lister quelques priorités d’actions publiques régionales qu’il y a lieu de décliner. (…)
Je pense d’abord à la lutte contre les trafics notamment de stupéfiants. Ces derniers étant bien souvent à l’origine des règlements de compte que l’arc méditerranéen connaît sans relâche et qui impactent également fortement le ressort de cette cour d’appel. L’actualité dramatique de l’été le démontre ! (…)
Je viens d’un ressort où un seul tribunal judiciaire, celui de Nice, opérait chaque année plusieurs dizaines de millions d’euros de saisies alors que la cour d’appel de Nîmes, nos enquêteurs, nos magistrats ont effectué seulement 4 654 880 € de saisies en 2022.
«Réfléchir à de nouvelles approches et méthodes de travail»
Certes, le ressort et la richesse qui s’y trouvent sont différents, mais reconnaissons que les marges de progression sont là et c’est un — je dirais même le — moyen le plus efficace de lutter contre les trafiquants (…).
La lutte contre les violences intrafamiliales, dont conjugales et celles sur les mineurs, constitue une deuxième priorité et doit constituer un axe essentiel judiciaire pour lequel, il est indispensable que nous continuions à réfléchir à de nouvelles approches et méthodes de travail. (…)
Troisième axe : la lutte contre la radicalisation violente qui constituait dans mon ressort précédent une priorité absolue en raison des faits effroyables commis en juillet 2016 sur la promenade des Anglais et plus récemment le 29 octobre 2020 dans la basilique Notre-Dame à Nice. (…)
«L'avenir de nos enfants que nous construisons aujourd'hui»
Quatrième axe : la lutte contre les atteintes à la probité. Mon appétence pour la matière liée à mon expérience passée, le fait que ce type d’atteintes touchent aux fondements de notre démocratie et à la considération générale qu’ont nos concitoyens pour la sphère publique, me conduisent à définir cette lutte comme devant être considérée comme une priorité absolue. (…)
Je n’oublie pas enfin celui de la protection de l’environnement pour laquelle le public doit prendre toute sa part dans cette région magnifique à forts enjeux. C’est l’avenir de nos enfants que nous construisons aujourd’hui et l’institution judiciaire est évidemment concernée pour apporter sa pierre à l’édifice (…) ».