Il y a 190 km entre Sainte-Maxime à Calvi. La saint-laurentaise Nadine Poncept compte bien effectuer cette traversée en kitesurf, au printemps 2023. Sous la bannière de son association, Des Ailes pour Elles, ce défi personnel vise à lutter pour l’élimination de la violence envers les femmes.
« Ce défi, c’est combattre la mer, c’est jouer avec les éléments inattendus de la vie », dit Nadine Poncept. Un défi qui fait écho au parcours personnel de cette éducatrice en Sport Santé pour la communauté de communes Terres de Camargue. « Je suis une femme de défi, j’aime affronter les difficultés et les surmonter ».
Parmi les difficultés : la météo. C’est la raison pour laquelle la date de son départ n’est pas fixée. Elle a fait appel à un expert météo avec un cahier des charges bien précis « sur la fenêtre du vent, mais aussi la direction du vent ». Elle sera informée 8 jours à l’avance de la date de son départ. « Il peut y avoir de faux départs, précise-t-elle. Le routeur météo devra me confirmer trois jours avant si c’est toujours bon ».
Cela fait huit ans que Nadine pratique le kitesurf. Elle a remporté plusieurs podiums lors de compétitions comme le Défi Wind et Défis Kite, « la plus grosse épreuve mondiale en distance qui se pratique à Gruissan. Ça représente trois jours, trois manches de 40 km par jour, soit 360 km sur trois jours », précise-t-elle.
« Reconstruction par le sport »
Avant cela, Nadine pratiquait la planche à voile. À l’époque, ce sport lui a permis de surmonter des épreuves traumatisantes. « Malheureusement, pendant une dizaine d’années, j’ai subi de la violence à la fois physique et psychologique, avec un enfant violenté aussi par un compagnon de vie et pour lequel je me suis battue en procédure pénale pendant environ 6 ans ».
Reconstruite aujourd’hui, elle souhaite à travers ce défi aider d’autres femmes dans cette situation. Elle a créé en mars 2022 son association « des Ailes pour Elles » qui, après la réussite de son défi, accompagnera les femmes gardoises victimes de violence dans la reconstruction par le sport.
« Les femmes qui ont subi de la violence physique et psychologique ont besoin de se réapproprier leur identité. Ça passe par l’esprit, mais par le corps aussi », insiste-t-elle. Son association a récemment reçu un prix de 5 000 euros attribué par le Conseil départemental du Gard.
« Faire un maximum de bruit »
Cette traversée fera l’objet d’un film ou plutôt deux. Le premier, « un film qui va présenter le projet au Cinema Marcel-Pagnol à Aigues-Mortes, le 12 décembre à 18 h 30 ». Le second sera celui d’un producteur professionnel. Nadine Poncept vient d’apprendre que ce film venait d’être acheté par une chaîne de télévision, même si elle ne peut pas encore dévoiler l’identité.
« Je veux un maximum de bruit », dit-elle, dans l’objectif de récolter des dons. L’argent sera ainsi reversé à la Fondation des femmes pour créer des hébergements d’urgence et venir en aide aux victimes. Ce défi se fera en collaboration avec le centre de formation Oxytalis. Des étudiants s’occuperont de la communication, du marketing, du pilotage de l’événementiel, et des réseaux sociaux.
Parmi ces partenaires pour la traversée, beaucoup d’hommes. Sur le bateau qui la suivra : deux cameramen, un photographe, son mari pour la partie sécurité, ainsi que deux pilotes. « Je ne veux pas en faire un combat féministe, je veux interpeller et montrer que la violence peut toucher tout le monde », dit-elle.
La cause des enfants lui tient particulièrement à cœur. « Les enfants deviennent aussi des victimes collatérales, car ils subissent le conflit des parents ou de la famille recomposée. Un compagnon peut devenir un super beau papa ou un super bourreau. Si les enfants ne sont pas reconnus comme victimes, ça devient compliqué de les aider sur le terrain, d’avoir accès à des psychologies pour qu’ils se reconstruisent avec une image positive de l’adulte ».