Il est une sorte de Poséidon, en moins virulent. Jean-Marc Groul veille sur le Seaquarium et sa faune aquatique avec calme, attention et anticipation. Ce gardien de l’une des attractions touristiques les plus visitées de Camargue doit faire face ces dernières années à des crises sans précédent. À chacun sa guerre de Troie.
« On ne touche pas aux animaux, jamais », répète avec fermeté Jean-Marc Groul. Le directeur du Seaquarium insiste sur ce point. « C’était notre principe d’engagement pendant la COVID. Tous les salariés étaient d’accord, c’est notre principe numéro 1 : on ne touche pas les animaux ».
À l’époque, le directeur du Seaquarium s’est appuyé sur des aides de l’État et une saison estivale bien remplie pour maintenir le navire à flot. « Nous avons pu compter sur les visiteurs locaux qui ont commencé à découvrir leur propre région », se souvient-il. Il précise que la fréquentation de l’établissement avait augmenté d’environ 5 % lors des étés 2019 et 2020, par rapport aux années précédentes.
Innovation et anticipation
Quand ce n’est pas la pandémie, c’est la crise énergétique ! Les charges liées à l’énergie représentent aujourd’hui 7 % du chiffre d’affaires du Seaquarium. Le directeur de l’établissement, Jean-Marc Groul, s’attend à ce que ce taux passe entre 10 et 12 % d’ici à fin 2023, à cause de la hausse des prix de l’énergie.
Baisser la température de l’eau ? Faire des économies sur la nourriture des poissons ? Alléger les soins vétérinaires ? Pas question, les économies se feront ailleurs. Place à l’innovation.
D’ici vendredi 30 septembre, le Seaquarium sera équipé d’un tout nouveau système de filtration. Proposé par l’entreprise Coldep, ce procédé permet de filtrer l’eau des aquariums de façon bien moins énergivore que les procédés classiques.
Ces « grandes colonnes » de filtrations, comme le décrit monsieur Groul, seront installées dans le plus grand bassin de l’aquarium (celui des phoques et des otaries), permettant de filtrer un million de litres d’eau. « C’est le tiers de la quantité d’eau totale du Seaquarium », précise-t-il.
L’achat de pompes moins énergivores et l’installation de LED ces dernières années devraient permettre à l’institution de traverser la tempête.
Protecteur des animaux marins
Quoi qu’il en soit, ce lieu abritant requins, tortues, otaries (et plus encore encore) semble pouvoir compter sur ses visiteurs. Sa fréquentation en 2022 est supérieure d’environ 5 % à d’ordinaire. Selon le gardien des lieux, environ 385 000 visiteurs ont acheté un ticket cette année. « Les visiteurs des alentours sont toujours là, et on compte aussi le retour des étrangers et des extra régionaux ».
En près de 25 années à la barre du Seaquarium, Jean-Marc Groul a vu évoluer ce lieu touristique. Dans les statuts notamment. Il est aujourd’hui une société publique locale (SPL) dont les principaux actionnaires sont la Ville du Grau-du-Roi, le département du Gard, et la communauté de communes Terre de Camargue.
Une façon, là encore, de protéger les espèces marines. « Nous ne faisons pas de bénéfice à proprement parler. Nous ne versons pas de dividendes à nos actionnaires. Jamais. » Il indique que toutes les plus-values de l’établissement sont reversées pour la sauvegarde des milieux marins, que ce soit à travers des associations ou des projets.
La SPL Seaquarium institut marin (nom officiel) réalise un chiffre d’affaires avoisinant les 5 millions d’euros. Ce dernier dépend exclusivement du nombre de tickets d’entrée vendus. D’ailleurs, le tarif régulier de 12 euros ne devrait pas augmenter l’année prochaine. « En tout cas, c’est notre intention », précise Jean-Marc Groul. De bonne volonté, il garde à l’esprit que les déferlantes économiques pourraient mettre en péril cette bonne foi.