Fils d’artiste-peintre, très tôt la peinture s'est imposée à lui. Dès l’âge de 10 ans Pierre Amador réalise ses premières toiles. Après avoir goûté aux salles d'expos parisiennes, il décide de poser bagages à Anduze il y a une dizaine d’années… Aujourd'hui retraité, il vient enfin d'y achever son nouvel atelier.
Au troisième étage d’une maison de village, en plein coeur d’Anduze, Pierre Amador nous invite à entrer dans son jardin secret, l'atelier. On s’y sent tout de suite privilégié : « Il ne fait entrer personne d’habitude, pas même moi », lance son épouse Catherine. Et quand Pierre est à l’atelier, gare à ne pas le déranger. Pas question pour l’artiste de lâcher le pinceau tant que l'oeuvre n'est pas achevée.
Architecture en bois, matériel de récup', toiles, pinceaux... « Je suis né dans un atelier, j’ai beaucoup appris avec mon père ». Après une année d’histoire de l’art à Paris, il met un point final à ses études mais continue en parallèle la pratique de son art. Sa rencontre avec l'incontournable Vasarely, fait décoller peu à peu sa carrière et lui donne accès aux salles d’expositions. Beaucoup de portraits aux traits décalés, singuliers, honteux...
Un portrait offert par Pierre Amador à son défunt père, l'artiste-peintre Maisonneuve... A son décès, son père lui lègue l'intégralité de son oeuvre
© G. Ohan-Tchelebian.
Des visages qu'il ne connaît pas et pourtant, Pierre raconte qu’après avoir dessiné un visage, il lui est arrivé à plusieurs reprises de rencontrer la personne imaginée par la suite. Les années passent, et d’oeuvres surréalistes au départ, son art finit par basculer définitivement dans l’abstrait.
Du surréalisme à l’abstrait
Une anecdote d'il y a 30 ans est à la source de cette « révélation » : sa fille un jour lui dit « papa je veux devenir peintre ». Pierre suspend alors des feuilles blanches, et lui met tout le nécessaire à disposition. La petite de 19 mois tout juste revient quelques minutes plus tard, dessin en main, elle a déjà fini : « Ca a été une évidence, j'ai pris une leçon. A trop revenir sur un tableau il en perd toute la spontanité, le vrai ». Un souvenir déterminant dans sa carrière puisqu’après cet évènement, il ne reviendra plus sur ses oeuvres ou très peu.
Ses dessins changent du tout au tout : sa volonté n’est plus de reproduire le plus fidèlement possible, mais de provoquer l’imaginaire. "Suffisamment pour éveiller l’imagination, pas trop pour ne pas imposer une perception (…) avec l’abstrait, on ne fait que suggérer ».
Pierre Amador et l'une de ses toiles... Laissent entrevoir une ouverture vers l'exterieur © G. Ohan-Tchelebian.
La fenêtre, toujours dans un coin de la toile
Un élément difficile à ignorer, les fenêtres. Il y en a partout. Incrustées aux murs, représentées sur ses toiles, parfois même c'est le cadre sa fenêtre. Et s’il ne la dessine pas, il la fait apparaître en trompe l’oeil. "Je ne les ferme jamais". Pierre Amador n’apprécie pas pour autant peindre à l’extérieur. Faute à la « lumière du soleil » qu'il n'aime pas beaucoup. Les toiles sont à la merci des conditions météorologiques, et Pierre ne tient pas à s’embêter avec cela.
Trompe l'oeil signé P. Amador, ou fenêtre et cadre se confondent. © G. Ohan-Tchelebian
La couleur verte, est quasi omniprésente sur ses toiles… Sans doute les restes d'un père auvergnat et d'une enfance passée là où la végétation est florissante ? Quoi qu'il en soit, quand l'artiste ne jongle pas avec les pinceaux, c'est avec les morceaux de mosaïques...
Cette fois en maître d'oeuvre, direction le chantier de la salle de bains, où l'artiste y consacre ces temps-ci le plus clair de ses journées. L'ambition est titanesque et d’une délicatesse extrême. Personne n’entre là non plus. Il taille, pose, et fixe un à un ces petits bouts de verre.
Direction l'atelier mosaïque... Dans la salle de bains. © G. Ohan-Tchelebian.
Deux étages d’un immeuble partagé avec son épouse, en deux appartements indépendants. Même dans le privé, le peintre préserve une part de liberté. Comme l'arbre ou la fenêtre, Pierre Amador observe les choses d'en haut... Et quand il saisit le pinceau, c'est fenêtre sur rue !
Prochaine exposition à l’atelier… En septembre.