C’est une tradition vieille de 40 ans. La révélation de l’affiche annuelle des Ferias a eu lieu ce mardi 7 février à l’Hôtel de Ville de Nîmes. Choisie par le maire pour réaliser l'œuvre, la peintre Nicole Bousquet a présenté un portrait de Conchita Cintrón, péruvienne ayant marqué l’histoire de la tauromachie.
Il est temps de lever le voile. Le buste d’une femme se révèle : chapeau trônant sur une tête légèrement penchée, regard doux, presque attendrissant, un costume taillé bleu sur les épaules. Ce portrait de Conchita Cintrón est légèrement effacé, comme à l’habitude des coups de pinceau de son autrice.
Pour la première fois en 40 ans, une femme sera l’héroïne des Ferias de Nîmes. «J’espère qu’elle va être un peu la maman de ces Ferias», confie discrètement l’artiste. Nicole Bousquet explique avoir peint une affiche bien taurine, «une torera, autant à pied qu’à cheval», mais aussi une femme forte.« Elle n’a pas eu besoin de prouver qu’une femme pouvait être en haut de l’affiche. Elle l’a tout simplement été pendant très longtemps».
«La maman des Ferias»
Troisième femme de l’Histoire à peindre l’affiche des Ferias, elle laisse passer un message à travers ce tableau. «Je voulais amener un peu de douceur face à ce débat politique autour de la tauromachie. Conchita et moi nous sommes mères, pas des barbares et nous aimons les taureaux toutes les deux. Je voulais amener quelque chose d'apaisé».
Le choix de ce tableau est-il politique? En conférence de presse, le maire affirme ne pas s'attarder sur la question. Son adjointe déléguée à la Culture y va cependant plus franchement. «Depuis que je suis élue à la Culture, c’est la deuxième fois qu’une femme fait l'affiche. Ça me paraissait hallucinant que les femmes n'étaient pas mises à l’honneur pour ce travail-là», dit Sophie Roulle.
Sur les «5 ou 6» artistes présélectionnés pour réaliser cette affiche 2023, deux sont des femmes. Nicole Bousquet. «une belle personne pleine de sensibilité, de générosité», comme la qualifie Sophie Roulle, est retenue. La peintre nîmoise soumet alors plusieurs propositions. L’adjointe à la Culture et Jean-Paul Fournier finissent par privilégier le portrait de cette grande dame de la tauromachie.
Une grande dame à Nîmes
Jean-Paul Fournier n’est pas étranger à Conchita Cintrón. C’était en 1991. La torera est exceptionnellement à Nîmes pour donner l'alternative à la nîmoise Marie Sara dans les arènes. «Elle avait eu un gros succès», se rappelle le maire de Nîmes ayant pu échanger quelques mots avec elle.
Présente ce matin à l’Hôtel de Ville, Marie Sara se remémore ce grand moment de sa carrière. «Un souvenir magnifique, les arènes se sont remplies, le public s'est mis debout pendant 20 minutes. Cette femme, pour moi, c’était un mythe».
«Elle fera polémique, on l’espère tous »
Aujourd’hui associée à la direction des Arènes de Nîmes avec Simon Casas, elle se dit doublement honorée par le choix de cette affiche. Déjà, «c’est une artiste femme peintre et nîmoise qui a fait l’affiche». De plus, «c’est une représentation de la grande Conchita Cintrón».
Cette mise à l’honneur des femmes, au moment même où la corrida est menacée par l’opinion nationale, fera-t-elle débat? L’adjointe à la Culture de la Ville s’y attend. Elle le souhaite presque. «Elle fera polémique, on l’espère tous car ça fera partie de ces moments là où les Nîmois sont contents ou pas contents. C'est le jeu».
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