Exposition temporaire qui s'inscrit dans le cadre des 30 ans de Carré d'art, ces oeuvres originales qui ont servi à la réalisation des affiches de la Feria de Nîmes, sont suspendues jusqu'au 31 octobre au musée des Cultures taurines.
La première affiche présentée, c'est celle de 1953*, première Feria Nîmoise où l'on voit apparaître Nîmes et ses arènes. Le torero y est au centre, les premières affiches de Feria ne détaillant à l'époque, que le programme de la corrida à venir.
L'exposition s'ouvre par un mur d'affiches de Feria, Musée des cultures taurines (Nîmes) © GOT
Certains modèles (les plus beaux), sont parfois repris à plusieurs années d'intervalle... Si le torero fut longtemps la tête d'affiche, il faudra attendre 2023, l'affiche de Nicole Bousquet (4e femme à travailler sur l'affiche de la Feria), pour y voir apparaître une femme, avec la célèbre torera péruvienne née au Chili, Conchita Cintron dans la lumière.
L'affiche Feria 2023 réalisée par l'artiste aficionada Nicole Bousquet, exposée au Musée des cultures taurines à Nîmes © Gaëlle Ohan-Tchélébian
Sous le pinceau d'artistes, ces affiches traduisent finalement comment la construction de l'imagerie taurine a évolué - s'est féminisée - au cours du siècle.
*Créée en 1952 à l'occasion d'une réunion des Clubs taurins nîmois, le 30 mai 1952, la première feria est inaugurée dans les arènes de Nîmes
1984 : les affiches nîmoises confiées aux artistes contemporains
La première rupture de cette période de "standardisation des affiches" (souvent réutilisées plusieurs années à la suite) intervient en 1984, quand la Ville décide de confier la réalisation des affiches de Feria aux artistes contemporains (dans une quête d'originalité).
Le peintre espagnol Eduardo Arroyo sera le 1er de cette génération d'artistes, à concevoir l'affiche de Feria à la demande de la municipalité. Pour lui, le taureau est la vedette des spectacles taurins (une tendance qui s'est équilibrée au cours des années). Et c'est ainsi, que sur la première affiche d'Eduardo Arroyo, apparaît un portrait de matador au nez rouge, aussi "clownesque" qu'effrayant, son visage à moitié dans l'ombre, le place à mi-chemin entre la vie et la mort.
1ere affiche commandée par le Ville au peintre Eduardo Arroyo, 1984 © GOT
10 ans plus tard, sur l'affiche de 1994, l'artiste Luis Francisco Esplà, a lui fait le choix de représenter tout le spectacle de la tauromachie à travers le fameux carrousel (le torero au centre du manège).
1994, le manège de la tauromachie © Office de Tourisme
Manière de rappeler à la fois la tradition, mais aussi le côté festif qui s'adresse aussi aux jeunes générations.
Toros et toreros : parfois proches, parfois opposés
"Couple mortel" © GOT
Le couple taureau-torero reste la représentation la plus emblématique des affiches de Feria. A partir de 1984, pas moins de 12 affiches mettent en avant le couple indissociable de la corrida, "à part égale".
Ces deux "acteurs principaux" de la tauromachie (parfois très proches, parfois opposés), sont représentés en 2001 par Jean-Pierre Formica. Son affiche fait apparaître le torero au-dessus du taureau, chacun dans un cadre délimité, le rendu ressemble à l'annonce d'un combat en cage.
Affiche Feria 2001, réalisé par Jena-Pierre Formica (Musée des cultures taurines) © GOT
Sur celle de 1987, c'est le mouvement qui est représenté, Jose Pirès a placé le torero et le taureau au centre de l'oeuvre, où l'on devine la gestuelle et les passes de capes (même chose sur l'affiche de Jacques Gorde en 2010).
De l'oeuvre originale à l'affiche officielle
Affiches de Feria (2006, 2007), Musée des cultures taurines, Nîmes © GOT
"Souvent les artistes travaillaient sur plusieurs dessins, croquis (...) même pour une seule affiche", à ce titre certaines parties des salles du musée recréent en quelque sorte l'atelier de l'artiste en pleine création. Couleurs, police, texture... "Il y a souvent des différences entre l'oeuvre originale, et l'affiche imprimée", note Lisa Laborie-Barrière, conservatrice du musée. Le Musée des Cultures a tenu à confronter à la fois l'oeuvre originale, les collections de dessins de l'artiste, et l'affiche finale associée.
"C'est un long travail de collaboration avec les services de la Ville, pour réadapter l'oeuvre au format" (Lisa Laborie-Barrière).
Visite de l'exposition, commentée par Lisa Laborie-Barrière, conservatrice du Musée des cultures taurines © GOT
70 ans d'affiches de Feria, à découvrir jusqu'au 31 octobre, au musée des Cultures Taurines.
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