Un cursus d’homme d’images accompli et l’envie de l’art qui vit, de jongler avec la nature. Dominique Leroy danse avec la rouille. Au Vaisseau 3008.
L’oeil rit, le bonhomme aussi. Quasi septuagénaire, grand reporter, cameraman réalisateur de films documentaires, des signatures dans les titres les plus prestigieux, 41 livres et des prix... Dominique Leroy fait partie de ces nîmois à la carrière incroyable et, sans regret, hors mundillo.
A huit ans, il voulait photographier les bolides. Il couvrira la F1, dans le monde entier durant un quart de siècle. Des photos, des interviews, des blessures aussi, celle de la photo d’Ayrton Senna «cinq minutes avant sa dernière course»... «Puis les pilotes sont devenus des communicants» et «Domi», sevré de «vrais mots» s’arrête.
Il passera dix autres années à se consacrer à des carnets de voyage peu ordinaires, une rencontre voulue avec les peuples primitifs, diffusée surtout aux Etats-Unis. Et un jour, «j’étais fasciné par ces plaques de tôle qui rouillent. Plus précisément, par la rouille elle-même. Cette oxydation vivante toujours en évolution, qui transforme». Le goût de la déliquescence, une forme de chaos. Ce seront ses nuages. Adepte de la paréidolie, il y voit des formes... Il ne pose pas l’objectif, «impossible», mais ajoute à sa palette : «l’eau, l’acide, le gros sel puis les couteaux, pinceaux et les couleurs et le plaisir de travailler avec la nature, l’eau, la lumière... Car la rouille vit avec le temps d’exposition, le soleil...», ses œuvres aussi «la rouille remonte ou se redessine». Pour fixer le processus : «trois couches de vernis, une couche de cire...», mais lui, ce qu’il aime, c’est «redécouvrir, quand elle travaille»...
Une gourmandise, ses photos argentiques de F1 «se vendent très bien». Il s’est aussi lancé dans un projet novateur avec un éditeur un vrai livre, vraiment multimédia. RV dans un an avec des pilotes dont le renom ne s’éteindra jamais.
Expo au Vaisseau 3008 jusqu’au 17 déc.