A 23 ans, Raphaël Raucoule alias « El Rafi » est devenu le 69eme matador de toros français en juin 2021. Ces derniers mois, le jeune nîmois n’a pas hésité à partir au front défendre la pratique de l’art tauromachique, menacée par la proposition de loi du député Aymeric Caron. De retour d’Espagne, dans sa ville natale, Nîmes, nous retrouvons le jeune matador nîmois, entre deux entraînements au restaurant le W, à deux pas des Arènes…
La tauromachie française a trouvé son égérie. S’il y en a un qui assume son attachement aux traditions taurines, c'est bien Rafi Raucoule. Ses prises de paroles sur les plateaux ces derniers temps ont donné un nouveau souffle à la tauromachie. Sans aucune animosité, ce nouveau visage incarne la corrida et ses fondements.
On l’a beaucoup entendu, le matador nîmois « El Rafi », de son vrai nom Raphaël Raucoule, est tombé dans la tauromachie étant petit. Impossible pour lui de se rappeler de sa première corrida. Et pourtant, l’animal robuste à cornes, emblème de la tauromachie, va le marquer pour le reste de sa vie. Sur les pas de son grand-père paternel, El Rafi fait ses premiers pas dans l'Arène dans le "toril", cette pièce où l'on maintient et prépare le taureau avant le coup d'envoi du face-à-face.
« J’étais fasciné, se souvient-il, je voulais faire partie du spectacle ». Chose dite chose faite, à 10 ans, Raphaël Raucoule intègre l’école taurine.
El Rafi, el Toro, un combat inévitable
Très vite (pour ne pas dire dès le départ), l’art tauromachique devient une vocation. "C’est un animal qui m’épate, celui avec lequel j’ai envie de partager le plus de choses, pour lequel j’éprouve le plus grand respect" , confie à coeur ouvert, le matador nîmois. Avant d’ajouter, "c’est grâce à lui que je m’exprime dans les arènes "
El Rafi se considère animaliste et n’a pas honte de le dire « Ces taureaux sont soignés, élevés pour le combat, la mort est l’aboutissement de l’oeuvre, elle est inévitable (...) il y a un vrai tabou autour de la mort, nous on ne le cache pas ».
En opposition à la corrida portugaise, « sans mise à mort publique », mais au terme de laquelle l’animal est achevé par une balle dans le crâne, à l’abri des regards. "On ne veut pas la voir », une forme « d’hypocrisie, considère El Rafi.
L'épisode Aymeric Caron, « une belle fenêtre médiatique...»
Si la proposition de loi d’Aymeric Caron a été retirée, le combat est loin d’être terminé, El Rafi en est bien conscient, « il va falloir encore se battre » dit-il.
Ce qui est important pour lui aujourd'hui, ce n'est pas de la défendre mais de "l’enseigner". L'épisode Caron a permis de lever le voile sur une discipline méconnue pour 90% des français. « J’ai reçu beaucoup de messages de soutien, de remerciements, pour avoir montrer ce qu’était vraiment cet art, nous sommes des milliers à y être attachés, nous ne sommes pas des barbares"
Récemment, il a lancé l'Association des Matadors de Taureaux, soutenue par une asso d'éleveurs français. La structure a une vocation pédagogique, "le but c'est partager notre manière de vivre, on ne peut pas juger sans connaître" admet Rafi.
"Enseigner la tauromachie sans endoctriner "
"Cette polémique a permis aux professionnels de la tauromachie de pouvoir s’exprimer, défendre leur patrimoine, expliquer en quoi la corrida est chez nous un leg de la culture nîmoise taurine. "
Jeune, belle gueule, avec El Rafi, on est loin de la tauromachie barbare que certains décrivent. Cette nouvelle stature fait de lui le défenseur de la tauromachie au niveau national. Cette fois le défenseur a 23 ans, et n'en est pas moins lucide sur sa pratique : « Des idées préconçues il y en aura toujours, mais pour ça il faut de la pédagogie ».
Pas d’endoctrinement dans ses intentions, il s'agit bien de remettre les choses à leur place, dans leur contexte, se renseigner et éviter de basculer dans la pensée unique... Le sénateur gardois Laurent Burgoa, disait il y a quelques mois à ce propos "que ceux qui n’aiment pas laissent tranquille ceux qui aiment, et inversement"
… Pour toréer en paix ?
« Je suis fier de ce que j’ai fait à Nîmes, mais je vis au présent, ce que j’aime c’est toréer ». Accumuler les récompenses ne semble pas être la priorité, ce qu’il veut c’est apprendre, progresser, répéter, pour devenir meilleur.
"El Rafi", sorti triomphant des Arènes de Nîmes, feria des vendanges 2022 © Daniel Chicot
El Rafi voudrait pouvoir toréer en paix, tout simplement. Sans exagération, on peut dire qu"El Rafi" incarne aujourd'hui l'âme de la corrida.
A la muleta, Rafi et le taureau, jusqu'à ce que la mort les sépare !
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