Ce bâtiment emblématique de Nîmes, réalisé par l’architecte anglais Norman Foster, soufflait hier sa 30e bougie (a été édifié le 09 mai 1993). La Ville, ses élus, ses artistes, tout le gratin nîmois au premier rang pour la soirée d’inauguration : la présidente de Carré d’Art, Sophie Roulle, et naturellement son conservateur, Jean-Marc Prévost, ont prononcé un discours d’anniversaire à l'effigie du géant de verre…
Retour sur la création du musée avec Sophie Roulle, adjointe au maire chargée de la Culture, "qui n'imaginerait pas un autre bâtiment" que celui que l'on connaît. Le choix de la façade en verre, privilégiée à l'époque pour y faire apparaître le reflet de la Maison Carrée (située pile en face), et permettre à la lumière de pénétrer dans l'ensemble du bâtiment. Très critiqué au départ, ce choix architectural a fini par s'imposer avec brio dans le paysage de l'Ecusson nîmois.
Musée du Carré d'Art, 09 mai 2023, "les 30 ans" © Gaëlle Ohan-Tchélébian
Le discours d’ouverture aura mis l’accent sur le rôle de service public rempli par le Musée Carré d’Art, défendu par le conservateur, qui entend bien y rester fidèle.
Carré d’art, un service public avant tout
« Carré d’Art a pour mission de collectionner, conserver et présenter la création contemporaine et la rendre accessible au public le plus large possible » (d'après notes de Rainer Maria Rike). En effet d’après le conservateur, le passage dans le domaine privé a souvent pour conséquence de ne plus faire qu’exister l’aspect évènementiel… a tendance à s’adresser à un public plus restreint, attentif aux expo-événements.
Le conservateur souhaite préserver cet accès à l’ensemble du public. Que la fréquentation du musée reste un passage au quotidien (se rendre au café, à la bibliothèque ou bien se balader dans les salles d'exposition...). Le musée ne saurait se résumer à une salle d'exposition, cela va bien au-delà.
« L’exposition de toute collection de musée sera toujours un processus d’apprentissage, une démarche amenant des questionnements »
22 salles d'exposition, 22 ambiances
La Collection : plus de 600 œuvres allant des mouvements apparus dans les années 1960 comme le Nouveau Réalisme et Supports/Surfaces, la peinture française ou allemande des années 80 jusqu’aux propositions plus contemporaines © GOT
L’occasion aussi de dépoussiérer les collections du Musée, dont les premières datent de 1986 (suite à un partenariat entre le ministère de la Culture et la Ville de Nîmes). La programmation 2023 a été essentiellement construite autour de cette célébration.
« En choisissant de raconter une histoire, beaucoup d’autres sont abandonnées » (notes de Rainer Maria Rike, la Mélodie des Choses). Carré d’Art a donc décidé d’en raconter plusieurs. La sélection présentée dans les dernières salles du Musée s’attache à rendre visible certains axes de la collection, liés à la présence des corps, le mouvement, l’identité, la mémoire...
Supports-surfaces, Nouveau réalisme & installations
L'échelle de Claude Viallat (1988), peinture acrylique sur tissu découpé, don de l'artiste © GOT
Le fonds Carré d’Art s’est constitué de plusieurs manières : dons d’artistes, attribution de l’Etat à la Ville, achats du Musée (certains soutenus par la FRAM). Des affiches lacérées de Jacques Villeglé, à l’échelle de Claude Viallat, en passant par les chaises en éclat du peintre espagnol Juan Munoz ou la frise éolienne de Markus Raetz... "Flottante et fragile, suspendue au regard du visiteur" :
La frise de Markus Raetz se métamorphose sous le regard (2005) © GOT
L’ambiance diffère et passe du tout au tout, à mesure, dans ce parcours à travers les salles d’exposition. Au dernier étage, Walid Raad est présent dans la collection avec "Mirrorbody", un ensemble de 5 œuvres, "première exposition monographique de l’artiste dans une institution française". Disposée dans une nouvelle installation pensée par l'artiste, faisant écho à l’histoire du musée "entre fiction et réalité".
La visite du musée lors de la soirée d’inauguration s’est achevée en musique, dans l’entrée principale du Musée, où ils étaient plusieurs dizaines à s’échauffer sur la piste, sur fond de Stromae... alors on danse !
La visite, en quelques clichés…
'Mobiliaro' (1994), don de l'artiste espagnol Juan Munoz en 1999. Réalisée à l'aquarelle, manière noire © GOT
'Tokyo Joe' (1981), acrylique sur toile (achat du musée Carré d'Art en 1985), référence au film noir américain réalisé par Stuart Heisler en 1949 © GOT
Le mouvement Supports-Surface né en 1969 dans le Sud de la France occupe une place forte dans la Collection du Musée, "la toile devient libre, affranchie de tout cadre et de toute convention" © GOT
Arbre chlorophyle sur tissu et bois, Giuseppe Penone (1989), achat en 1990 avec l'aide de la DMF © GOT
La salle dédiée au Nouveau Réalisme (mouvement développé à partir des années 1940 dans le Sud de la France, décrivant des phénomènes sociaux, et s'oppose à la peinture abstraite © GOT
A noter
Pour célébrer ce 30e anniversaire, l’art contemporain sera également présent dans toute la ville, de mars à décembre, au Musée du Vieux Nîmes, au Muséum d’histoire naturelle, au Musée des Beaux-Arts, au Musée des Cultures Taurines.
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