Pour soutenir la lutte LGBTQ à Nîmes, achèteriez-vous une œuvre d’art ? Le concept est lancé par l’association Arènes des Fiertés à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre. Trois jours de festivités au programme, dont une exposition au Café Le Napoléon où les visiteurs pourront acheter des œuvres à prix unique.
« C’est la première fois que l’événement se double d’un événement artistique et culturel », indique Laurent Gaissad, coprésident du conseil d’administration de L’Arène des Fiertés. La jeune association, née en mars 2022, souhaite faire prendre de l’ampleur à la lutte LGBTQ dans le Gard, particulièrement à Nîmes.
Cet événement a tout pour y parvenir. Intitulé « The art show must go on » (Le spectacle d’art doit continuer à aller de l’avant, en français), sa programmation s’étale sur trois jours. Ce « week-end culturel, festif et militant » se veut complémentaire de la marche des Fiertés organisée cette année en juillet.
«Danser = vivre »
Ce weekend commence par un rassemblement. Vendredi, l’association donne rendez-vous aux participants place de la Maison Carrée pour un rassemblement sous la thématique « Danser = vivre ». Un message à faire passer : « Ce n’est pas parce qu’on est malade qu’on n'a pas envie de danser. Quand on est affecté par le VIH, on ne baisse pas les bras.»
Le vernissage de l’exposition débutera à 18 h 30. « Plus de 30 artistes ont offert à l’Arène des Fiertés leurs œuvres, pour une vente à tarif unique, dont tous les bénéfices seront reversés à l’association », expliquent les organisateurs. Les visites du deuxième étage du Café Le Napoléon se termineront le dimanche à 20 heures.
Un « drag-show » prendra place le samedi soir. À partir de 20 heures, Peter Bleue, gagnant du premier concours de l’Arène des Drags, ou encore Narcissa Doul, finaliste de ce même concours, défileront. « À la fin du spectacle, les artistes vont faire défiler un chapeau, l’argent récolté sera reversé au sidaction », explique Pauline Poissy, bénévole et artiste membre de l’organisation.
Des oeuvres au tarif unique de 150 euros
D’où est venue l’idée ? Denis Vingtdeux, sculpteur nîmois, explique s’être rapproché de l’Arène des Fiertés, car il souhaitait venir en aide financièrement à la lutte contre le VIH. « Par le milieu homosexuel ou par le milieu de la défonce, on a perdu beaucoup d’amis. Je suis de la génération qui a vu tomber les gens comme des mouches. Rester indifférent, ça ne me plaisait pas », dit-il.
Une fois le concept posé, il faut désormais trouver les œuvres. « J’ai contacté nombre de mes amis, et je les ai convaincus de faire une donation en les informant que les pièces seraient vendues au même prix unitaire de 150 euros. Pour certain, ça a été piquant, mais ils ont tous joué le jeu, ils ont tous offert une pièce et donc c’est de l’argent qui ira au profit de l’association », explique Denis Vingtdeux, responsable de la recherche des œuvres avec Pauline Poissy.
Cet évènement vise principalement à sensibiliser contre la discrimination. Apparu dans les années 80, le SIDA apporte son lot de préjugés. « Cancer gay », « châtiment divin », tout est bon, à l’époque, pour expliquer l’origine de ce mal qui frappe sévèrement la communauté homosexuelle de New York ou de Paris. Des stéréotypes difficiles à effacer… « Il faut lutter contre la sérophobie, la haine et le rejet qui existe y compris dans le milieu gay », dit Laurent Gaissad.
« Aujourd’hui, le traitement fonctionne. Il te fait vivre, mais il empêche également le virus d’être transmis. Il faut le dire. Ensuite, dire que malgré toute la tragédie, on veut se souvenir y compris avec joie des amis qu’on a perdus qui étaient sur le dancefloor avec nous il n’y a pas si longtemps que ça », conclut-il.