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«Une certaine idée du respect des femmes» - Ce que dévoile le voile

Le réveil de midi
2021-10-01 10:13:39Entretien sur les femmes avec Françoise Dumas, femme et députée PS «Mode islamique» ou «mode pudique», l’affaire émerge début avril avec des appels au boycott des marques. Mais la question, toujours clivante, se focalise sur le voile......
durée de lectureTemps de lecture 2 min 39 sec
datevendredi 13 mai 2016

Entretien sur les femmes avec Françoise Dumas, femme et députée PS

Depuis un an, plusieurs grandes marques de vêtements ont lancé des collections «pudiques» à destination des femmes musulmanes. Réaction de Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes et appel au boycott d’Elisabeth Badinter et revoilà le voile au cœur du débat. «C’est le retour de l’affaire de la crèche Baby Loup» analyse la députée, aujourd’hui dubitative. «Toute la question réside dans la défense de la laïcité et de la subtile séparation entre expression de la religion et expression de revendication politique. Nous sommes laïcs et à ce titre acceptons l’expression des religions et nous devons rester sur une position de respect strict de la laïcité. Mais il y a aujourd’hui dans le port du voile une revendication qui n’est pas à proprement parler religieuse et est parfois imposée aux femmes».

Elle-même soucieuse d’élégance, évacue l’aspect «style» de cette mode cultuelle couvrante qui concerne aussi la mode évangélique ou juive ultra-orthodoxe et croise les créations de stylistes minimalistes laïcs. Mais «Il y a différents voiles. Le voile couvrant à l’extrême devient politique en ce qu’il agresse et différencie, c’est un marquage d’appartenance et de rejet de l’autre. Il isole la femme même dans son groupe social et lui fait porter un message souvent subi».

Renforcer la loi sur la laïcité

«J’ai des amies musulmanes, dans les quartiers et ailleurs, depuis toujours. Le voile hijab n’était pas un problème. Mais depuis quelque temps, elles sont plus nombreuses à porter le voile couvrant (jilbab saoudien, tchador iranien, niqab salafiste qui ne laisse apparaître que les yeux) souvent à la demande de leurs frères, pères, fils…», Françoise Dumas y lit une forme de radicalisation plus sociale et politique que cultuelle. Pour la députée : «Tout ce qui en France ou ailleurs, restreint la liberté des femmes est une rhétorique de régression politique et humaine». Un danger de plus alors qu’en matière de droits des femmes «nous sommes en train de perdre nos acquis et sur ce point, comme sur quantité d’autres, de nous cantonner à une position de repli, de défensive. La période ne se prête pas à un débat de fond sur la question du voile, mais il faut garder une grande vigilance quand il devient un étendard politique», comme sur d’autres sujets.

Radicalisation et «no woman’s land»

François Dumas, entre la commission contre le terrorisme ou aux affaires étrangères à l’Assemblée Nationale, Loi El Khomri, la loi contre la prostitution qui sanctionne le «client», s’inquiète des flous d’un «no woman’s land» qu’il ne faut pas lire à la légère. Elle est membre de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de Paris et Saint-Denis, présidée par Georges Fenech, qui compte 30 députés de tous bords. Elle a été lancée fin janvier et rendra son rapport le 6 juillet. Les attentats du 13 novembre, qui ont frappé huit sites à Paris et Saint-Denis, ont fait 130 morts et 350 blessés. Le nombre total de victimes, physiques ou psychologiques, est estimé à 4 000. Françoise Dumas a visité le Bataclan. «De mes responsabilités actuelles, je vois bien l’objectif de destruction de l’universalisme à la Française. Il y a une vraie guerre et c’est une sale guerre. Les djihadistes sont prêts à toutes les compromissions, y compris serrer la main de femmes politiques» souvenir d’une visite d’islamistes en prison, «car nous, mécréants, ne méritons aucun respect…». Amer constat d’un fossé profond qui puise ses racines dans une crispation loin de toute préoccupation sociale mais qui rejoint, ici, un malaise. 

Les ghettos de notre histoire

«Plus près de nous, il y a le fruit de 30 ans de politique de la ville mal réfléchie. On n’a pas su faire avec notre histoire. Depuis la deuxième guerre mondiale, on n’a pas intégré, dans l’histoire du pays, ce qui fait de nous une nation. La première génération est venue travailler et le regroupement familial s’est fait dans des conditions exécrables. Il n’y a pas eu d’intégration. Les générations suivantes ne se sentent pas toujours françaises. Notre plus grand échec, c’est de ne pas avoir commencé par énoncer le problème. La politique de la ville a beaucoup bâti, mais pas la mixité sociale. On a fabriqué des ghettos de pauvres et de riches...». Un terreau pour le communautarisme et la radicalisation... Et de citer en exemple la galerie Wagner du quartier Pissevin à Nîmes où «il y avait beaucoup de diversité dans les commerces. On trouvait trois coiffeurs pour femmes et un pour homme. Aujourd’hui, il n’y a que quatre coiffeurs pour homme et des commerces cultuels».

Les femmes, premières cibles de la radicalisation

En filigrane, la députée s’interroge. «Dans toutes les religions qui se radicalisent, les femmes sont les premières à souffrir et ce, dans tous les pays y compris européens». Entendre qu’il n’y a pas que l’islam radical. «En Pologne, en Irlande, en Espagne… Le problème est plus général, partout les droits des femmes reculent et c’est un mouvement extrêmement rapide. Quand j’ai été élue, je n’ai pas demandé à faire partie de la commission sur les droits des femmes à l’Assemblée nationale. Je pensais que [ndlr : droits et place des femmes dans la société] c’était acquis, que ce n’était plus la priorité. Je me rends compte que, en cinq ans, la prégnance des problématiques des femmes est devenue centrale». Des problématiques qui méritent encore de nombreux combats.

La prostitution, un problème de femmes ?

Ainsi de la loi sur la prostitution qui connaît un écho modéré dans les médias alors qu’il s’agit d’une «vraie révolution des valeurs, un renversement sociologique. C’est dorénavant le client qui est pénalisé, ce qui permet, par ailleurs, d’assister pleinement des prostituées devenues officiellement victimes». Le problème pour la députée : «mais nous n’étions que 63 à voter cette loi fondamentale. Au moment du vote, en pleine audition en huis clos au sein de la commission terrorisme, je me suis levée pour aller voter. Nombre de députés, particulièrement masculins, ont pudiquement zappé…»

Respect des femmes

«En France nous avons mené des combats pour une certaine idée du respect des femmes. Une idée qu’il faut défendre haut et fort. […] Il s’agit de la liberté d’aller et venir et même d’avoir une personnalité morale». Que dévoile le voile hors l’impuissance des hommes à considérer les femmes comme leurs égales ou à juguler leur propre animalité ? 

 
 
 
 

NDLR pour mémoire

Le droit de vote et d’éligibilité pour les femmes date de 1944. Le droit pour les femmes mariées d’exercer une profession sans l’autorisation de leur mari date de 1965. L’autorité parentale qui remplace la puissance paternelle ne date que de 1970. Quant à la Loi Veil pour l’Interruption Volontaire de Grossesse – IVG, c’était en 1975…
Loi laïcité de 1905. Créée pour réduire l’influence de l’église catholique sur le pouvoir politique, elle fait face à une situation infiniment plus complexe, particulièrement au regard de l’islam rétrograde dont souffrent les musulmans européens. Le multiculturalisme porté par la Loi de 1905 était voué à l’émancipation et non à servir la régression. En 2004, émerge la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises pour préserver la laïcité et la neutralité de l’espace scolaire. En 2010, est votée la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. En 2013, le Président de la République François Hollande a installé l’Observatoire de la laïcité. Mais «vivre ensemble» et «liberté de conscience» peinent à cheminer ensemble. «Ma liberté s’arrête où commence celle d’autrui» figure dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, mais c’est aussi la logique des dictatures.
 
«Il y a aujourd’hui dans le port du voile une revendication qui n’est pas à proprement parler religieuse et est parfois imposée aux femmes»
«Dans toutes les religions qui se radicalisent, les femmes sont les premières à souffrir»


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