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La mort de Xavier Jugelé réveille et révèle une police sous haute anxiété

Le réveil de midi
2021-10-01 10:15:33Ambiance lourde pour la minute de silence en hommage à Xavier Jugelé, le jeune policier abattu sur les Champs Elysées le 20 avril, avant le 1er tour des présidentielles. Minute de silence nationale, l’instant est fragile. Sur les visages, tristesse et même désarroi,...
durée de lectureTemps de lecture 1 min 33 sec
datevendredi 28 avril 2017
Denis Bouad président du Département était aux côtés du Préfet et du directeur de la DSPJ nîmoise, face aux représentants des forces de l’ordre et de la sécurité. Au rang des élus, le député écologiste Christophe Cavard et quelques élus. Richard Tiberino, élu à la Ville de Nîmes, était présent aussi, heurté à plusieurs niveaux, son fils CRS était présent au même endroit 3 heures avant l’assassinat.

Fatalité du risque
Le policier, mort en exercice, « victime d’un tir en mission », a été élevé au grade de capitaine et de chevalier de la Légion d’honneur. « Un hommage et une reconnaissance nécessaires pour les forces de police mais surtout pour sa famille. Un hommage pour les deux blessés aussi» explique Frédéric Calame, vice-président du CLIP30 (Collectif libre et indépendant de policiers) hors murs de l’Hôtel de Police.
A Nîmes, les policiers se sont « rassemblés spontanément vendredi midi, on est tous abasourdis ».

Policiers en sur régime
Le CLIP regroupe de plus en plus de policiers et « travaille sur les revendications et les conditions de travail. Le reste nous le laissons aux syndicats qui sont un peu verrouillés. On n’a pas de droit de regard» explique le policier un peu désabusé.  «Sur Nîmes, nous sommes 202 membres, soit près de la moitié du commissariat », un nombre conséquent car le CLIP 30 s’est créé en janvier après les événements de novembre et décembre. Le CLIP existe dans une trentaine de départements, ils ont rejoint l’Union nationale de policiers indépendants à Lyon. Frédéric Celano, quant à lui, relève du quart judiciaire. «En gros, toutes les urgences, on fait un peu machine à laver. Dès qu’il y a un décès, c’est pour nous ». Mais, le policier est clair : « Ce n’est pas le travail qui nous pèse mais les conditions. On a senti l’abandon et l’incompréhension depuis longtemps. On doit pouvoir faire face à tous les risques dont le risque terroriste et tenir nos tâches quotidiennes mais on a un problème d’effectif. Tout le monde est sollicité, sans compter les tâches indues ». A Nîmes, en moyenne 20 policiers sont chaque jour phagocytés par les transferts ou les gardes à l’hopital ou les transferts de présentation de détenus au Palais de justice. « Alors on est toujours décalés, ça devient difficile à gérer ». Fatigue, stress, instabilité « On aurait aussi besoin d’un soutien plus fort de notre hiérarchie».

« Tout se dégrade »
C’est le constat plus général, risque terroriste croissant mais aussi risque sur le terrain du quotidien, « les moyens ne progressent pas assez ». Les anecdotes s’enchaînent sur « les radios qui tombent en panne en dix minutes en pleine intervention » et de dénoncer les bureaux qui ferment dans les quartiers. Sur 5 postes de police Valdegour, Pissevin, Rangueuil, etc,  il n’en reste que deux, les autres ont été transférés au commissariat central.
« Comme aux Etats-Unis, avec 10 ans de retard. Eux réouvrent, nous on continue à fermer et, comme les pompiers, on gère des consignes de non-intervention. On abandonne des quartiers entiers. On sait qu’il y a des armes » rapporte le policier de terrain. Le parallèle est simple à établir avec ce qui s’est passé. « Quand on l’a dit il y a deux ans, la maison d’arrêt était mitraillée deux jours plus tard».

Intensité de la criminalité
C’est ce que relève Paul Farina, ancien des Stups. « on a toujours manqué d’effectif mais la pression aujourd’hui n’est plus la même. Là où je partais seul récupérer un convoqué à la ZUP, il faut aujourd’hui 4 ou 5 policiers et encore ils risquent d’être attaqués. Ca change la donne. Par ailleurs, il y avait moins de policiers municipaux donc plus de tâches indues pour les policiers qui assuraient les sorties d’école par exemple, mais on ne peut pas confier les transferts de détenus à la police municipale. Ce devrait être le rôle de la pénitentiaire, mais ils sont aussi en manque d’effectif ». Pour le retraité, « la pression est due à l’intensité de la criminalité. On ne peut plus travailler comme avant, il faut être 20 pour faire ce qu’on faisait à 3 ou 4... La réponse ? « Revenir à la proximité, avec une vraie méthodologie, pas juste réinjecter 10 postes par brigade. Macron préconise 15 000 postes, Le Pen 40 0000. Il en faut 20 000 pour faire le travail, arrêter la getthoïsation des quartiers avec des postes de 14 policiers pour retourner au contact et aussi éliminer les terroristes en puissance. Le contact, c’est essentiel. »
Question de société majeure, la sécurité reste un écueil. La politique de paix sociale à coup de négociations de zones grises à la marge ne peut s’appuyer uniquement sur les forces de l’ordre. Une question battue et rebattue par les candidats à la présidentielle mais essentiellement sous l’angle du risque terroriste qui n’est pas le seul. L’insécurité est à la fois le fruit et le terreau du terrorisme.        SV
 
avatarS. Vaneecke