Une démarche fondamentale
« Il y a des décalages, c’est forcé, mais il faut échanger. Le plus petit dénominateur commun c’est la passion » explique la directrice qui veille sur les 8 400 m2 de la plateforme (hébergement inclus) et les 300 jeunes en première année sur les 10 métiers proposés. L’assertion couvre toutes les problématiques, culturelles, disciplinaires, sociales, sociétales et pragmatiques… « A la rentrée de septembre nous aurons une « résidence jeunes » de 110 lits, ça va faciliter les choses pour les jeunes de milieu rural qui ont le problème de l’éloignement».L’apprentissage recours sans âge
Pour les formateurs, la diversité des publics est aujourd’hui une difficulté. «L’apprentissage a été conçu au départ pour des jeunes de 15-16 ans en sortie de 3ème. S’y sont rajoutés les «reconversions»; des bac +2 ou +3 ou même +4 qui se réorientent. Aujourd’hui, le gouvernement a mis en place l’apprentissage jusqu’à 30 ans, pour des «jeunes adultes en échec professionnel» pour nous c’est une gageure lourde et c’est compliqué pour tout le monde car il faut adapter l’enseignement pour les 15 à 30 ans.... Certes, ce qui caractérise l’artisanat, c’est la faculté d’adaptation et la transmission de la passion et du métier, mais nous imposer de tels écarts alors qu’on ne nous écoute pas...» fulmine la directrice.Filières manuelles
« Tous les candidats à la présidentielle prônent l’apprentissage, mais de quels apprentis parle-t-on et où sont les moyens? » reprend le président. « En matière de formation, la réponse vient du terrain, des gens qui pratiquent, or on n’est pas des philanthropes. Les artisans sont pragmatiques ». Henry Brin a d’ailleurs initié une estimation de cet effort et revient sur « la possibilité d’intervenir dans les collèges, au moment des orientations. L’apprentissage des métiers manuels n’est pas une voie de garage... Nous avons une magistrate reconvertie en carreleur, un architecte devenu boucher, il n’y a pas que le costume cravate pour faire une vie ». La directrice pose directement «l’artisanat, ce n’est pas un open bar des métiers pour ceux qui n’aiment pas l’école ».Un esprit sain et un geste fort
"Pour être artisan, il faut un esprit sain et un geste fort”, C’est le fond de la formation. Le 17 janvier, l’objectif était la rencontre entre tous les tenants de cette formation. « Des artisans investis qui pensent transmission face à des jeunes hyperconnectés mais décalés, ça peut générer des incompréhensions. Parfois certains jeunes se trompent de filière, il faut rectifier le tir. Parfois, les parents attendent que l’artisan reprennent l’éducation globale de leur enfant ; ce n’est pas leur travail même s’il y a des valeurs au cœur des métiers. Enfin, et parce que l’artisanat n’est pas encore perçu comme filière d’excellence, on y envoie quelques cas sociaux qui n’ont plus de réponse possible ailleurs. Ca suppose un accompagnement plus poussé ».Une journée portes ouvertes est prévue le samedi 25 mars.