Cette année, le foie gras se savoure plus que d’ordinaire. La raison? Son prix. Il est en nette augmentation par rapport à l’année dernière, principalement à cause de l’épidémie de grippe aviaire qui a durement touché le pays. Des acteurs gardois de la chaîne de production racontent leurs difficultés.
Jamais le foie gras n’a été aussi cher. Produit phare des repas de fin d’année, il s’ajoute à la longue liste des produits dont le prix a augmenté en France. “Le dernier qu’on a reçu, nous l'avons payé quasiment le double de celui de l'année dernière”, explique Noëlle, gestionnaire du restaurant La Soleïade à Orsan.
Elle a dû répercuter cette augmentation sur ses clients : la terrine de 500 grammes est passée à 90 euros, soit le double de l’année dernière.
Même constat du côté de la Grande distribution. Selon nos confrères de L’indépendant, le foie gras de canard France extra, la meilleure qualité, se vendait fin 2021 au prix moyen hors taxe de 34€ le kilo. Début décembre de cette année, il atteint 57€ le kilo. Même ratio d’augmentation pour les foies gras de qualité inférieure.
Quant aux consommateurs fiers d’avoir payé leur foie gras au même prix que l’année dernière, ils ont pu être trompés par la quantité réduite d’un paquet par rapport à l’année dernière.
Grippe aviaire : 1,6 million de canards abattus
Ces augmentations sont principalement liées à une épidémie de grippe aviaire qui a durement touché la France cette année. Selon les chiffres communiqués par l'Agence France Presse, près d’1,6 million de canards (3,3 millions de volailles) ont été abattus depuis début août, sous ordre de l’Etat, pour contrer la propagation du virus.
Frank Vialle ne le sait que trop. A Saint-Laurent-de-Carnols dans le Gard, son exploitation La Ferme du Gubernat s’occupe du gavage, de l’abattage et de la transformation des canards en foie gras. Sa matière première, il l’achète en Vendée, dans une ferme dont il préfère conserver l’anonymat.
"100 canards au lieu de 500"
“Cette ferme a été obligée d’abattre plus de 3000 canards au cours de l’année”, indique-t-il. Face à l’incapacité de son producteur d’honorer ses commandes habituelles, Monsieur Vialle a dû réduire sa propre production. “On a pris ce qu’il y avait. En novembre, seulement 100 canards au lieu de 500 les années précédentes".
Il a dû s’adapter pour le bien de son entreprise. “Nous avons principalement vendu aux particuliers et presque plus aux restaurateurs qui représentent pourtant une grande part de notre clientèle d’ordinaire”. Il avance ne pas avoir augmenté ses prix de ventes pour les fêtes de fin d’année, même s’il sautera probablement le pas dès janvier.
Dans l’attente de vaccin
Pour se fournir en canards, le restaurant-épicerie Amour du Terroir à Nîmes a, quant à lui, pu compter sur son fournisseur habituel. “Comme on appartient à une coopérative agricole, nous avons pu nous fournir normalement en quantité. Ils ont privilégié les clients appartenant à la même firme dont nous faisons partie”.
La gestionnaire de ce restaurant-épicerie nîmois, Alexandrine Perrin annonce cependant avoir dû augmenter ses prix de vente d’environ 20%. Selon elle, cette tendance sur le marché de la volaille va continuer au cours des prochains mois. “Nous commençons seulement à être impactés”, dit-elle.
Ce mardi 27 décembre, l’interprofession de la filière volaille française a déclaré être favorable à une vaccination des bêtes à l’échelle de l’Union européenne. Jeudi 22 décembre, le gouvernement français avait annoncé son ambition de commencer la vaccination à l’échelle nationale dès l’automne 2023.
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