Une nouvelle fois, le carburant manque à l’appel dans les stations-service. À l’heure où la réforme des retraites provoque un mouvement social d’ampleur, des représentants locaux de syndicats patronaux et de salariés font le point sur la situation. L’économie est au centre des préoccupations.
« Quels chantiers en 2023 ? », c’est l’intitulé de la réunion tenue par Grand Delta Habitat ce mercredi matin à la Fédération française du Bâtiment (FFB). Une dizaine de chefs d’entreprise ont rendez-vous dans 30 minutes. L’heure avance, mais les représentants d’entreprise tardent à arriver. « Le manque de carburant a peut-être son rôle là-dedans », s’étonne Olivier Polge, secrétaire général de la FFB.
Ces retards sont l’occasion de discuter de la crise sociale actuelle. « Tous les combats sont bons à être menés », déclare-t-il, affirmant ainsi son ouverture à ce mouvement social. Olivier Polge espère pourtant « un retour à une forme d’apaisement ».
Selon lui, ces perturbations affectent encore peu les entreprises. « Il n’y a pas encore de blocage complet, les entreprises ont pu anticiper ». Mais quand même. Il explique que des chefs d’entreprise lui font des retours d’annulations de réunions de chantiers pour éviter à certains de se déplacer. Des décisions qui entraîneront des retards, dit-il. « C’est parfois la double peine quand un salarié passe une heure pour trouver de l’essence pour son véhicule personnel et une heure dans la file pour le véhicule professionnel pour se faire dire qu’il n’y a plus de carburant ».
« C’est scandaleux de bloquer l’économie »
A l’U2P, son président Christophe Hardy ne sonne pas encore l’alerte. « Pour le moment, pas de remontée vraiment flagrante comme quoi il y a des pénuries de carburant et qu’ils ne peuvent pas s’approvisionner. Actuellement, c’est galère pour les entreprises, mais pas d’arrêt ».
Il se dit prêt à agir si les choses dégénèrent. « Nous avons préparé un communiqué de presse et on s’apprête à écrire à madame la préfète pour que les entreprises qui ont besoin de carburant pour leur activité soient prioritaires. Qu’on ne soit pas encore les dindons de la farce ».
S’il se dit personnellement contre cette réforme, Christophe Hardy blâme la volonté de blocage de l’économie des syndicats de salariés. « Le droit de grève est à mes yeux quelque chose de primordial pour les salariés. Mais c’est totalement scandaleux et en aucun cas ils ne doivent bloquer l’économie. Il faut qu’ils se munissent d’autres actions plutôt que d’empêcher les entreprises de travailler ».
« On peut aller pisser dans un violon aussi »
Une déclaration qui ne restera pas sans réponse. Contacté par le Réveil du Midi, le secrétaire général de la CGT dans le Gard, Bruno Rivier, répond aux déclarations de monsieur Hardy. « On peut aller pisser dans un violon aussi », rétorque-t-il à demi-mot. Dans un élan de volonté plus pédagogue, il décide de réexpliquer la démarche syndicale. « C’est justement l’économie qu’on veut toucher ».
Selon lui, l’économie commence à être touchée, ce qui provoque le mécontentement des patrons et c’est ce qui fera plier Macron. « Que voulez-vous que je vous dise ? Qu’est-ce qu’on a comme arme ? Les salariés n’ont que la grève et leur salaire. Donc quand ils se privent de leur salaire et qu’ils sont en grève, si les patrons commencent à dire que ça fait mal au porte-monnaie, ça veut dire que nous sommes sur la bonne voie . »
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