L’enseigne Uber se déploie davantage à Nîmes… Une décision annoncée le 16 juin, suite à l’explosion de la demande de chauffeurs VTC, observée pendant la période de feria. Le retour dans les rues nîmoises des chauffeurs Uber en masse… n’est pas perçu d’un bon oeil de la part des syndicats de taxis.
Sébastien Guironnet, président du syndicat des artisans taxis de Nîmes, en exercice depuis 18 ans, en connaît un rayon. « Uber c’est l’application, c’est la nouvelle génération, cela correspond à leur pouvoir d’achat, on ne peut pas leur reprocher (…) Nous avons aussi une application, mais elle peine à décoller ».
« Uber est aux transports ce qu’Airbnb est à l’hébergement »
En moyenne une course Uber s’élève à 7,30€, celle d’un taxi à 12€. « On comprend bien entendu le consommateur, pour qui c’est une économie non négligeable, on ne peut pas lutter (...) Notre cible se compose davantage de populations âgées, et quelques étudiants ». C’est pourquoi il explique que les inquiétudes ne portent pas tant sur la nature de l’activité, mais plus sur le modèle économique qui n’est « pas viable ». « Pour rentabiliser leur activité, les chauffeurs Uber stationnent sur la voie". Or, selon la législation, le VTC ne travaille que sur réservations, les taxis seuls sont autorisés à stationner. Non seulement Uber favorise la précarité des chauffeurs, mais ne participe pas non plus à faire tourner l’économie locale.
Sur l’interface Uber, on peut lire que l’enseigne finance les formations de VTC : "Nous mettons en place des incitations pour les chauffeurs pour que leur activité soit pérenne dans Nîmes et qu'ils n'aient pas besoin d'aller conduire à Montpellier ou Aix par exemple" déclare Rym Saker, responsable communication de l'enseigne, au Réveil du Midi ce jeudi 23 juin.
Un dispositif qui n’est pas sans exaspérer le président du syndicat : « Ils veulent profiter de la saisonnalité de la ville de Nîmes, nous, nous sommes en place toute l’année, à disposition des clients, la notion du service n’est pas la même »
Gare de Nîmes © Gaelle Ohan-Tchelebian.
« Que chacun reste dans son champ d’activité »
Pour Sébastien Guironnet, il y a déséquilibre entre les entreprises de Taxis, sur lesquelles pèsent les charges sociales, et de l’autre le statut d’auto-entrepreneur dont profite l'enseigne Uber. Leurs chauffeurs n’ont pas d’obligations fiscales en France, « c’est le problème des GAFA » dit-il. Le gouvernement espagnol, lui, a été radical en interdisant tout simplement l’installation d’Uber dans les communes.
Sans en arriver là, ce qu'il demande c'est « plus de contrôles, que la Préfète mette en place les services nécessaires, la confiance n’exclut pas le contrôle ». Et éventuellement alléger les charges, la TVA… Ce qui relève ici du ministère des Transports. Sébastien Guironnet a connu l’arrivée d’Uber sur la métropole, une année compliquée en 2020, mais en 18 ans de métier, il ne relève aucun constat à la baisse de son activité. Convaincu que tout le monde pourrait voir midi à sa porte, sans grignoter la part de l’autre… « Je ne veux pas les stigmatiser, simplement que chacun reste dans son champ d’activité et tout ira bien ».