Grâce à ses membres toujours plus nombreux, la Fédération Française du Bâtiment jouit d’une forte représentativité (tant au niveau national qu’à l’échelle du département). En 7 ans, le nombre d’adhérents à la FFB Gard est passé de 390 à 1 019. Ces 1 019 adhérents emploient près de 70% de l’effectif salariés (= 13 000 salariés) du bâtiment... Le secteur n’échappe pas aux difficultés de recrutement, ni aux reports de chantiers dus à la hausse du coût de l'énergie, et à l'alourdissement des normes administratives...
Les difficultés de recrutement auxquelles ces entreprises sont confrontées "ne sont pas dues à une hausse de l’activité, mais bien à un phénomène de société" relève le président de la Fédération Française du Bâtiment Pascal Lacosta.
180 demandes de postes vacants
Les problèmes de recrutement sont liés en partie aux départs à la retraite, mais pas seulement. L’effet covid a laissé des traces… "Beaucoup se sont reconvertis (…) avec le changement de vie, le télétravail, les demandeurs d’emplois n’ont plus les mêmes exigences (…) il y a un vrai décalage entre les prétentions des candidats et leurs qualifications" constate Olivier Polge, secrétaire général de la FFB Gard.
A ce jour, un peu moins de de 200 postes ne sont pas pourvus, « y compris des emplois qui ne nécessitent pas de grosses qualifications (…) On recherche du savoir-être » indique le président de la fédération du Gard, surtout des « métiers manuels » précise P. Lacosta.
Pascal Lacosta présente pour la dernière fois les voeux de la Fédération Française du Bâtiment du Gard © MC Dejax
« Il y a une vraie méconnaissance des codes de l’entreprise »
Nos deux représentants du secteur sont unanimes : il y aura eu un « avant » et un « après-covid ». Aujourd’hui, « ce n’est plus le demandeur d’emploi qui relance, c’est le chef d’entreprise qui rappelle » lance Pascal Lacosta. La pénurie de main d'oeuvre ajoutée aux permis de construire de plus en plus exigeants... Le secteur fait la grimace.
A noter également, sur l’année 2022 : on relève une baisse de 8,6% des permis de construire accordés (-37% sur les 3 derniers mois !). La raison ? Les normes françaises se juxtaposent aux normes européennes, « on veut toujours faire plus, être plus contraignants que contraignants » s’agace le président de la FFB. Résultat : "le permis de faire est de plus en plus compliqué à obtenir.
Si la construction neuve est en déclin, « reconstruire sur l’existant » ouvre de nouvelles perspectives...
Rénovation : un marché porteur ?
La Fédération du Bâtiment du Gard a présenté ses voeux 2023 dans ses locaux, ce mercredi 25 janvier 2023 © Gaëlle Ohan-Tchélébian
Selon Olivier Polge, oui, les travaux de rénovation ( =rendre les logements moins énergivores) représentent un marché potentiel non négligeable (85% de l'activité des adhérents); mais qui reste très conditionné à la fiscalité du bâtiment. « On n’est pas inquiet sur la partie rénovation » rassure le secrétaire général de la FFB Gard.
A commencer par adapter le bâtiment au vieillissement de la population, aménager les logements pour soulager les EHPAD « qui coûtent cher », et faire en sorte que les personnes âgées puissent résider le plus longtemps possible à leur domicile avec les équipements adaptés.
Les tensions sur les matières premières persistent
Tous matériaux confondus, la hausse globale sur un an est de 20%. Briques, tuiles, ciment, verre, « tous les matériaux qui impliquent de la chauffe » sont les plus impactés. Si le cours de l’aluminium a quant à lui baissé, « on ne retrouvera jamais les niveaux de prix d’avant covid », même chose pour l’acier. « Certains câbles électriques ont pris + 70% en un an ! » relève Pascal Lacosta.
Le président de la FFB, Pascal Lacosta, et les jeunes dirigeants du bâtiment de l’Ecole supérieure ESJDB créée par la FFB © MC Dejax
Pas de pénurie, mais des délais plus longs, (produits verriers en particulier). Résultat : beaucoup de chantiers sont reportés (en partie liés au devis hors budget). La révision des prix (auparavant trimestrielle) est désormais possible tous les mois... Un assouplissement de la réglementation qui rend les devis plus modulables et "soulage" certaines entreprises. Pendant ce temps...
Le public puise dans le privé pour renflouer les caisses...
Les 300 millions d'euros prélevés par l'Etat dans les caisses d’Action Logement pour rééquilibrer les comptes publics... Une aberration selon les représentants du secteur, « On paye assez de taxes et d’impôts (…) La somme prélevée aurait pu servir à créer 26 000 logements sociaux (à savoir : 75% des gardois sont éligibles aux logements sociaux). Avec un objectif de création de logements fixé à 500 000/an, "on en est loin" note Pascal Lacosta.
Les sénateurs du Gard Denis Bouad et Laurent Burgoa n’ont pas manqué d’interpeller le gouvernement sur ces méthodes, « heureusement on peut compter sur des élus locaux qui prennent la température du secteur. »