Quelques jours après le rassemblement de 6 000 agriculteurs à Narbonne, le salon dédié aux filières viticoles "Sitevi" se déroulait pendant 3 jours à Montpellier, sous tension. L'ensemble des syndicats gardois et régionaux n'ont pas manqué d'interpeller Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, dont la présence sur l'événement avait été annoncée.
Réunion sous tension il y a quelques jours, en parallèle du salon viticole Sitevi, au coeur de la métropole de Montpellier, suite logique à la manifestation de Narbonne qui a réuni dans les rues des milliers d'agriculteurs (principalement vignerons). Marc Fesneau n'a pas patienté très longtemps avant d'être "convoqué" en réunion de crise par les syndicats vignerons.
Coude à coude, les syndicats gardois et régionaux étaient plus que déterminés à être entendus, sans les tracteurs cette fois. Au rendez-vous de cette "réunion régionale", le président de la Chambre régionale, le Président de la Commission viticole régionale, le syndicat des vignerons indépendants, Les Jeunes agriculteurs, la coopération représentée par Fabien Castelbou, mais aussi le syndicat des vins de pays d'Oc, en bref "tous les responsables économiques et syndicaux de la région étaient là", indique Frédéric un représentant de la Coopération agricole d'Occitanie*.
"Lui est venu faire une réunion de travail, nous on demandait un plan marchand pour la viticulture, on a dû se faire comprendre, il a fallu par nos mots et dans une unité totale, lui expliquer les choses ", en clair attirer son attention sur l'urgence de la situation.
* La Coopération Agricole Occitanie est le syndicat professionnel des coopératives agricoles et agroalimentaires d'Occitanie.
Bilan de la rencontre, entre satisfaction et attentes
© Coopération Agricole d'Occitanie
Le salon était sans aucun doute l'occasion rêvée de faire remonter les revendications du monde viticole à Bruxelles, "on a demandé : une augmentation des prix du vin à l'achat" (= pouvoir vendre plus cher à l'industrie agroalimentaire), pour compenser la hausse moyenne de 40% des charges; une vraie pause sur l'adoption de nouvelles réglementations, "les négociations là-dessus sont déjà en cours"; une aide financière pour soutenir la profession : le gouvernement "chercherait à faire passer le fonds d'urgence de 20 millions à 60 millions" donnant droit à une enveloppe pouvant aller jusqu'à 20 000 euros par exploitation viticole, dont les conditions de versement ne sont pas encore connues; "Trouver une quarantaine de millions d'euros pour réaliser une année blanche en termes d'intérêts bancaires"; et enfin une demande d'arrachage "différée et temporaire"* pour laquelle le ministre Marc Fesneau a indiqué se rendre à Bruxelles.
*Le Ministre aurait évoqué une mesure "d'arrachage différée" dès 2024 qui "permet d'arracher provisoirement la vigne" pour replanter dès lors que le marché est stabilisé, ce délai offre ainsi plus de souplesse au vigneron.
Sur la future PAC et l'éventualité d'un maintien de salaire minimum pour les agriculteurs, le représentant syndical ne met que peu d'espoir là-dessus, inquiet quant à la situation des vignerons dont un certain nombre devra (ou a déjà dû) se séparer des terres. "On a le sentiment d'avoir été compris, que le message est quand même passé" rapporte Frédéric, représentant de la coopération régionale viticole (retourné le lendemain au salon Sitevi où il a de nouveau pu échanger avec le Ministre).
Salon Sitevi, Montpellier, du 28 au 30 novembre © Coopération Agricole d'Occitanie
Bilan des courses, "Il semblerait qu'un plan arrive avant Noël" indique la coopération régionale, qui préfère rester prudente... prête s'il le faut, à revenir manifester dans les rues.
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