Alors que les acteurs du marché bénéficiaient d'une législation floue mais avantageuse, cette fois la France a remporté la "bataille" du CBD contre l'Europe, pour des motifs "d'ordre et de santé publique" . Un arrêté du 31 décembre interdit formellement la vente et la consommation de fleurs brutes de cannabis...
Pour les acteurs du marché, la vente de fleurs de chanvre c'est "50 à 60% du chiffre d'affaires", estime Mathieu Givelet, producteur. Quant à sa boutique à Alès ouverte le mois dernier "On ne sait pas encore si on va pouvoir garder la boutique".
Un élément le rassure malgré tout : il est certes interdit de travailler la fleur broyée, en revanche les agriculteurs ont le droit de la transformer. "On l'envoie en laboratoire pour transformer le produit en huile à partir de nos fleurs". Bonne nouvelle : les dernières récoltes ne sont pas perdues. Quand bien même, "les gens venaient car ils pouvaient se procurer un produit local et 100% français", regrette Mathieu Givelet.
Fleur de chanvre. Crédit photo : Mathieu Givelet
Un retour en arrière (in)justifié ?
"l'Etat ne veut pas avancer sur le sujet, il veut bannir la consommation de CBD, alors même que ce susbtitut a permis à bon nombre de consommateurs réguliers de mettre fin à leur addiction au THC". Or, le taux de THC autorisé par l'arrêté du 31 décembre pour la culture du chanvre, s'élève à 0,3% contre 0,2% auparavant : un assouplissement qui ravit les agriculteurs, mais quid de la santé publique invoquée par le gouvernement ?
Autre variété de CBD. Crédit photo : Mathieu Givelet.
1700 enseignes concernées
Difficile en effet lors des contrôles des forces de l'ordre, de distinguer cannabis et CBD à vue d'oeil. Son interdiction permet de clore le problème puisque désormais plus de doute : que ce soit l'un ou l'autre, leur détention est illégale, et par conséquent les contrôles facilités. Pourtant, des tests existent pour différencier les deux sortes comme en Suisse, "en plus d'être accessibles à des prix plus que raisonnables" explique Mathieu Givelet. Quoi qu'il en soit, c'est un marché florissant et prometteur qui file entre les doigts de l'Etat, pour atterrir dans ceux du marché sous-terrain.
"Je dois tout repenser, cette semaine on va fermer pour se concentrer là dessus". Sous la pression, il va repenser son réseau de distributeurs. Les quelque 1700 enseignes spécialisées dans le CBD devront patienter jusqu'a vendredi, pour connaître les limitations exactes.
Culture de plants de chanvre, porte des Cevennes. Crédit photo : Mathieu Givelet
Mathieu Givelet réfléchit déjà à élaborer une gamme de cosmétiques, voire du vin infusé : "On verra ce qu'on peut transformer, notre but est d'atteindre 100% de distributeurs français"
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