Il faut trouver des solutions aux sécheresses de plus en plus fréquentes. Pour cela, de nouvelles variétés sont expérimentées. Pour perpétuer la culture de vignes du département, 27 cépages plus résistants au stress hydrique sont testés sur le site d’expérimentation de Sudexpe au Mas d’Asport à Saint-Gilles. Au fil de l'eau, des solutions émergeront peut-être.
« Ces essais grandeur nature sont très attendus par la profession », affirme Patrick Compan, vice-président de la Chambre d’agriculture du Gard. L’objectif de ces expérimentations est d’apporter des solutions plus résistantes au bouleversement climatique, « sans compromettre la récolte et donc le revenu des viticulteurs », ajoute-t-il.
Après des plantations en 2021, ce sont aujourd’hui variétés adaptées à la sécheresse et 21 tolérantes aux maladies qui sont plantées dans ce site d’expérimentation appartenant à Sudexpe. L’évolution de ces vignes sera suivie pendant une dizaine d’années. Les viticulteurs du coin pourront constater l’évolution de ces rangées de variétés et accéder à des références technico-économiques.
De l’eau dans son vin
Les attentes envers ces cépages résistants à la sécheresse restent limitées. « Il n’y aura pas de variété avec un gène qui fera en sorte que la plante n’aura plus besoin d’eau et qu’elle pourra pousser tout seul, ça n’existe pas », prévient Laurent Audeguin, ingénieur agronome et œnologue à l’Institut français de la vigne et du vin, partenaire de ces expérimentations.
Il indique que ces variétés proviennent de France, mais aussi du pourtour méditerranéen comme l’Espagne, l’Italie du Sud ou encore la Grèce. « Ce n’est pas parce qu’un cépage est bon en Grèce qu’il sera bon en France. Il faut se dire : c’est bon en Grèce, donc ça mérite d’être expérimenté en France », ajoute-t-il.
Outre le manque d’eau, cette initiative financée par la Région Occitanie s’intéresse à des variétés capables de mieux résister aux maladies, telles que le mildiou et l’oïdium. L’objectif est de réduire à terme l’utilisation de produits phytosanitaires luttant contre ces champignons ravageant les vignes.
Le manque d’eau provoque chez les plantes un stress hydrique, qui va les amener à créer davantage de sucre. Le sucre créant l’alcool, « nous avons eu des retours de productions de vins à 17 degrés l’année dernière aux alentours de Bordeaux », raconte Laurent Audeguin de l’Institut français de la vigne et du vin.
Fruits et légumes dans le même panier
Qu’ils soient viticulteurs, maraîchers et arboriculteurs, les agriculteurs sont les premiers impactés par ces changements climatiques. Ces dernières années, et particulièrement en 2022, les niveaux particulièrement bas des cours d’eau ont contraint la préfecture du Gard à imposer des restrictions.
L’entreprise Sudexpe implantée au Mas d’Asport à Saint-Gilles et à Marsillargues tente de répondre à ces problématiques de manque d’eau. Différentes variétés de melons, pastèques, asperges, pommes, grenades, kakis y sont observés.
« L’objectif c’est de trouver des variétés qui ne changent pas au niveau du goût et du visuel et qui résistent aux maladies. Mais cela est utopique, ça n’existe pas », explique Madeleine De Turckheim, qui travaille comme technicienne pour la filière maraîchage. Elle prône le bon compromis.
« Il est parfois bon de provoquer du stress hydrique chez les plantes, au moment de la floraison et de la récolte par exemple. Elle produira durant ces périodes davantage de feuilles, ou davantage de sucre. Une bonne chose pour les pastèques par exemple ». Selon elle, l’irrigation est un sujet essentiel pour les agriculteurs, mais aujourd’hui son optimisation l’est tout autant.
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