Depuis quelques jours, la saison du symbole du printemps bat son plein… Messaoui Essaid est fraisiculteur depuis plus de 30 ans, sur la commune de Sommières. Labellisé HVE, cet agriculteur gardois récolte entre 18 et 20 tonnes de fraises chaque année. Témoignage.
Bonne nouvelle, les fraises sont belles ! Il est encore trop tôt pour établir des comparaisons avec la précédente récolte, mais nous en saurons plus le mois prochain (compter environ 25 à 45 jours de récolte). « Pour la fraise c’est deux mois, l'arrivée des chaleurs, nous oblige à nous arrêter, après, elles ne résistent pas »
Mais les premières fraises récoltées rassurent l’agriculteur basé à Sommières : « côté qualité c’est bon ! »
A quoi repère-t-on une fraise de qualité ?
Les fraises de Sommières © Messaoui Essaid
Couleur, goût, odeur : « Une fraise qui n’a pas d’odeur, ce n’est pas une fraise » affirme le producteur Messaoui Essaid. Chez lui, sous la serre en pleine terre, pousse cette variété de fraise appelée la « Cléry » : de couleur rouge carmin, brillante et réputée pour être très aromatique en bouche…!
Sa devise : « pollinisation naturelle, il n’y a que ça qui fonctionne ! », dit-il en observant ses abeilles polliniser, « elles travaillent devant moi ! », l’agriculteur peut encore compter sur ses 3 ruches…
« Les clients sont prêts à payer un peu plus pour avoir de la qualité »
« Heureusement les français et françaises ont compris l’importance de consommer local », le constat est rassurant du côté des choix de consommation, le niveau de ses ventes directes est très encourageant. « Au mas des agriculteurs, les clients sont prêts à payer un peu plus pour avoir de la qualité, du local. »
Inconvénient : « tout a augmenté, c’est 15 à 20% de hausse toutes charges confondues » : emballages, main d’oeuvre, engrais… "Pour vendre, je réduis ma marge pour essayer de ne pas perdre mes clients, j’essaye de trouver le juste milieu."
Par ailleurs, le Label HVE de niveau 3 impose d’importantes restrictions : beaucoup moins d’azote, pas de désherbage chimique, limitation des traitements en cas d’attaque… Soit. Mais si l’on impose ces normes à nos agriculteurs, il faudrait appliquer les mêmes sur les produits importés, qui empêchent la compétitivité des producteurs français.
Messaoui Essaid, producteur à Sommières © ME
Espèce en voie de disparition ?
La production de fraises en France s'élève à 53 000 tonnes soit 5% de la production européenne... En France, la concurrence des fraises marocaines et espagnoles, bien moins chères (comme la main d'oeuvre) exerce une pression sur la production française.
Son message : Les français ont compris, pas les politiques. Ce qui a de quoi agacer l’agriculteur. Du côté de la concurrence ou de la gestion de l’eau, « ils ne font rien », dit-il, avant d’ajouter : « Si cela continue, ce sera un producteur de moins, des fraises en moins (…) Si le Gouvernement ne bouge pas, on dépendra des autres pays. »
A 59 ans, Messaoui Essaid avoue être « pessimiste » quant à l’alimentation de nos enfants, dans les années à venir.