Ils sont venus montrer leur soutien. Ce lundi matin, l’Association des maires du Gard et d’autres élus ont répondu à l’appel des agriculteurs tenant toujours le blocus de l’A9 au niveau de la sortie Nîmes Ouest. Le Réveil du Midi est allé sonder les différentes opinions, selon les partis, de quelques-uns de ces élus de la République.
« Eh ben, ils sont bien habillés ! », peut-on entendre de la part d’agriculteurs en salopettes, dont certains tiennent le point de blocus depuis jeudi dernier. Il est 11 heures quand le cortège arrive. Ils sont une centaine arborant l’écharpe bleu, blanc, rouge au milieu des tracteurs, des ballots de foin et de diverses installations provisoires bloquant l’autoroute et entretenant le moral des manifestants.
« Je voulais vous remercier tous, il y a plus d’une centaine de maires présents ou représentés, quelles que soient les tendances politiques. Notre mouvement est clairement apolitique, il est pour les agriculteurs. On accueille tous les élus républicains. Évidemment que pour ceux dans la majorité, j’ai une pensée spéciale : “s’ils pouvaient un peu activer les choses… ‘’ », déclare au micro, depuis un ballot de paille, David Sève, président du syndicat FNSEA dans le Gard.
«On attend la colère pour réellement travailler»
Des élus de la majorité, il y en a très peu ce lundi. David Sève confie avoir recommandé à l’association de mettre en garde certains élus de la majorité sur de potentiels débordements. « Même nous les syndicats, nous faisons face à certaines violences, car certains agriculteurs sont excédés », explique-t-il.
Philippe Ribot est président de l’association des maires du Gard. Maire sans étiquette de Saint-Privat-des-Vieux, il était pourtant soutenu par la majorité aujourd’hui au pouvoir. Selon lui, « on paie 20-30 ans d’incompréhension. On est un pays où on a du mal à prendre les problèmes à bras le corps. On attend la colère pour réellement travailler sur les sujets ».
« Les agriculteurs, je les soutiens comme si je soutenais un membre de ma famille en détresse. On vit avec eux, on vit à côté d’eux. Que serait le Gard sans la production agricole gardoise de l’Oignon doux des Cévennes, le riz de camargue, en passant par le fruitier et la vigne ? », questionne-t-il. Sa position reste claire : il faut trouver un moyen de lutter contre la concurrence déloyale sans sacrifier la qualité, c’est-à-dire les normes limitant les intrants chimiques ». Pour lui, la solution se trouve dans l’alignement des autres pays de l’UE aux normes françaises.
«Changer le modèle économique»
Deuxième parti de France, le Rassemblement national s’affiche volontiers aux côtés des agriculteurs. Nicolas Meizonnet, député 2e circonscription du Gard, est arrivé après le cortège des maires. L’homme politique tape sur la « technocratie bruxelloise, qui impose une feuille de route pour les membres de l’Union européenne, du libre-échange forcené avec toujours plus de normes et de contraintes dans une logique de décroissance ».
« Si on veut sauver l’agriculture française, il faut changer radicalement de modèle économique. Il faut prôner la souveraineté nationale, la souveraineté alimentaire, il faut rompre avec la concurrence déloyale qu’impose ce traité de libre-échange, il faut à minima, lorsqu’on a recours à des importations, des causes miroir pour que les produits que nous importons respectent les normes que nos agriculteurs appliquent ».
« J’avais la volonté de venir écouter la souffrance, la colère et les propositions qu’avait le monde agricole », explique à son tour Vincent Bouget, secrétaire de la Fédération du parti communiste, conseiller départemental et dans l’opposition municipale de Nîmes.
Pour lui aussi, pas question de revenir sur les normes imposées par la France. « Je pense que ça serait une erreur de croire qu’on résoudrait globalement le problème en perdant sur la qualité des produits qu’on arrive à faire ici ». Et je pense qu’il faut accompagner les agriculteurs à entrer dans ces évolutions-là et garantir que ces produits vont être vendus à un prix juste et celui qui va leur revenir dans leur poche soit l’essentiel du prix du produit.
Le coupable de cette situation s’appelle, pour lui, « le monde libéral ». « On arrive techniquement à ce que les agriculteurs arrivent à nourrir tout le monde avec de bons produits, mais le système économique fait qu’ils n’arrivent plus à vivre. Le pouvoir d’achat est globalement en difficulté, donc le système économique libéral est à mon avis la cause de ces problèmes », conclut-il.
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